La marche «historique» qui a eu lieu dimanche dans la capitale a été relayée par l’ensemble des médias nationaux et même de nombreux médias internationaux. Même l’agence officielle MAP, qui a pourtant boycotté bon nombre d’actualités relatives au Hirak qui secoue depuis plusieurs mois Al Hoceima et sa région, s’est fendue d’une dépêche dans laquelle elle a estimé à «pas plus de 15 000» le nombre d’individus à avoir répondu présent. Toutefois, le traitement médiatique accordé par les canaux officiels de communication des partis politiques diffère d’une formation à l’autre.
USFP : Les élections du bureau politique avant la marche
Sur le site officiel et la page Facebook de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), le parti de la Rose accorde une large couverture à l’élection des membres de son conseil national et de son bureau politique. «L’USFP donne aujourd’hui une leçon de démocratie par l’élection du président du conseil national et des membres du bureau politique. Le vote a été secret et le dépouillement public, ouvert et transparent», lit-on sur l’un des statuts Facebook du parti d’Abderrahim Bouabid.
Même son de cloche sur le portail web de la formation politique dirigée par Driss Lachgar. Le site évoque également l’élection d’El Habib El Malki à la tête du conseil national ainsi que la liste des nouveaux membres, et relate un éditorial de Younes Moujahid qui date de dimanche et parle d’Al Hoceima, sans toutefois aborder la marche.
De même, le journal de son parti, Al Ittihad Al Ichtiraki n’a accordé qu’un petit espace à la marche en solidarité avec le Rif. La Rose n’a même pas pris en considération la participation de plusieurs membres de sa jeunesse aux côtés de ceux d’Al Adl Wal Ihsane et des partis de la gauche, au grand dam des mises en garde chuchotées par Driss Lachgar.
Le RNI fait comme la MAP, le MP, l’UC et le PPS : «Circulez, il n’y a rien à voir !»
Certaines formations politiques n’ont pas jugé opportun de relayer les informations sur la marche qui s’est déroulée dimanche à Rabat. C’est notamment le cas du Mouvement populaire, de l’Union constitutionnelle et du Parti du progrès et du socialisme. Les sites électroniques et les pages officielles de ces formations politiques, oubliées des mises à jour, ont gentiment snobé la marche et ses dizaines de milliers de participants.
Pour sa part, le Rassemblement national des indépendants (RNI) d’Aziz Akhannouch s'est contenté du minimum syndical, reprenant mot à mot la dépêche de l’agence MAP du 11 juin. Le même article a par la suite été partagé sur la page Facebook du parti de la Colombe. Aucun commentaire ou information supplémentaire n’a été ajouté au texte de l’agence officielle, ce qui serait une manière pour le RNI d’affirmer son soutien inconditionnel à la version officielle des autorités locales.
PAM : Se démarquer du RNI
Le Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM) a été plus présent, d’abord à travers un premier article sur le site officiel de la formation politique dirigée par Ilyas El Omari, dans lequel le parti reprend la dépêche de l’agence officielle.
Dans un deuxième article, le PAM reprend un communiqué de sa jeunesse dans lequel cette dernière affirme suivre de près les derniers développements à Al Hoceima et sa région. La jeunesse insiste sur la nécessité d’accélérer la mise en place de réponses aux revendications de la population, tout en tirant à son tour sur le gouvernement. Elle ne tarit pas d’éloges sur la marche et ne rate pas l’occasion de tirer sur Al Adl Wal Ihsane. Sans citer le mouvement de feu Abdeslam Yassine, la jeunesse du PAM dénonce «l’instrumentalisation du mouvement de solidarité» entreprise par certains pour des calculs politiques et idéologiques. Les jeunes PAMistes disent même dénoncer le fait que ces individus imposent une séparation entre hommes et femmes et des tenues vestimentaires à ces dernières.
Le PJD fait mieux que ses camarades au gouvernement, la FGD et l'Istiqlal mobilisés
De son côté, le Parti de la justice et du développement (PJD) a réservé différents traitements médiatiques à la marche de dimanche. D’abord, dans un article général, le site officiel de la Lampe a remplacé les estimations de la MAP par des chiffres plus réels, évoquant «des centaines de milliers» de participants. Le portail rappelle qu’ils ont revendiqué la libération des détenus, l’arrêt de la série d’arrestations menée contre les figures de proue du Hirak et des réponses aux revendications socio-économiques de la population.
En second lieu, le portail du parti dirigé par Abdelilah Benkirane a repris trois publications sur Facebook : l’une de Nabil Chikhi, à la tête du groupe parlementaire du PJD à la Chambre haute, puis celle d’Abdelali Hamiddine. Le portail a également repris l’éditorial de Taoufik Bouachirine, directeur de publication d’Akhbar Alyaoum, dans lequel il rappelle que «la balle est désormais dans le camps de l’Etat», après la manifestation monstre.
Le Parti de l'Istiqlal n'a pas non plus tari d'éloges sur la manifestation du dimanche, la qualifiant de l'une des plus grandes marches et estimant le nombre de participants à des «centaines de milliers de personnes».
Pour sa part, la Fédération de la gauche démocratique, alliance formée par le Parti socialiste unifié (PSU), le Conseil national Ittihadi (CNI) et le Parti de l'avant-garde démocratique et socialiste (PADS) a accordé une couverture exceptionnelle à cet évènement. Alors que ses membres avaient appelé à une mobilisation accrue, la Fédération dirigée par Nabila Mounib a alterné entre lives, photos, vidéos et publications des figures de proue du mouvement.