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Grand Angle

L'arabe classique éloigne-t-elle davantage les MRE de leur pays d’origine ?

La langue arabe classique éloigne-t-elle davantage les MRE de leur pays d’origine ? La frustration due à la non-maitrise de cette langue pourrait-elle donner lieu à des fissures et des ruptures entre les Marocains du monde et leur pays d’origine ? Problème de transmission, de finalité ou de programme ? Tant de questions abordées lors de la l'émission hebdomadaire de Radio 2M et Yabiladi avec comme invités Fouad Laroui et Farid El Asri.

Publié
Photo d'illustration. / DR
Temps de lecture: 3'

L’enseignement de l’arabe classique est l’un des sujets qui touchent directement les Marocains résidant à l’étranger. Le débat s’est donc naturellement invité dans l'émission hebdomadaire spécial MRE de Radio 2M en collaboration avec le portail d’information Yabiladi.com. Ce mercredi, Fathia El Aouni et Mohamed Ezzouak ont interrogé l’écrivain maroco-néerlandais Fouad Laroui, et le professeur universitaire belgo-marocain Farid El Asri sur la langue, son enseignement et ce qu'elle porte comme éléments d'identité. 

L'arabe classique, «un vrai handicap pour beaucoup de MRE»

«Certains Marocains vivant à l’étranger vont très loin et affirment que la langue arabe classique les éloigne d’avantage de leur pays d’origine». Un constat formulé par l’animatrice de l’émission avant d’évoquer le billet de Fouad Laroui, intitulé «Comment voulez-vous que je me sente Marocain si je ne comprends même pas ce que raconte la télé officielle ?».

Pour Mohamed Ezzaouk, directeur de publication de Yabiladi, il s’agit d’un «point de friction depuis très longtemps puisque l’apprentissage de la langue arabe pose un problème». Rappelant que beaucoup de MRE ne parle pas l’arabe classique, il rappelle que «quand on vient au Maroc et qu’on a besoin de lire des choses, la langue arabe est un outil très important pour rester connecté avec le pays, les administrations ou les Marocains de manière générale». Or, selon lui, «c’est un vrai handicap pour beaucoup de MRE» si elle n'est pas enseignée ou mal enseignée aux nouvelles générations.

«Personnellement je n’ai aucun problème avec la langue arabe classique. Ce dont je parle, ce sont les Marocains de deuxième génération. 80% des MRE établis ici à Amsterdam sont d’origine rifaine», lance Fouad Laroui au début de son intervention. «La langue en elle-même n’est pas du tout en question», précise-t-il.

L’arabe classique, une «langue étrangère» ?

Pour Farid El Asri, «le premier socle sur lequel il faut bâtir la réflexion» est celui de savoir pourquoi on enseigne la langue arabe classique. Le second, c’est la définition de la finalité.  

«Je pense que ce n’est pas tant la transmission de la langue telle qu’elle est faite aujourd’hui, c’est la classification de l’objectif et de la finalité que les uns et les autres se fixent. Effectivement, s’il faut avoir une langue avec laquelle on va se débrouiller sur le plan oral, il faut réadapter complètement le programme.»

Le professeur universitaire fait aussi savoir que sur le terrain, il y a «trop de croissements d’objectifs et effectivement, celui qui subit cette avalanche latente c’est l’auditoire, le jeune enfant qui doit assimiler une matière qu’il ne comprend pas nécessairement».

Fouad Laroui donne ensuite l’exemple de l’anglais pour appuyer le constat selon lequel la dualité entre arabe dialectale et arabe classique est spécifique au monde arabe. «Il n’y a que les arabes qui ont deux langues : l’arabe classique et donc une variété haute de la langue et la darija, ce qu’on appelle une variété basse de la langue. Il faut effectivement savoir pourquoi on a ce problème», note-t-il. Il estime aussi que pour la deuxième génération, l’arabe classique «est une langue étrangère et quand ils s’intéressent au Maroc, à travers les infos, les débats (…) il y a un sentiment de ne pas appartenir au pays et c’est un sentiment extrêmement grave».

Se débarrasser d'abord du «caractère idéologique»

«Effectivement, il y a ce sentiment alors qu’on est censé être connecté», enchaîne Mohamed Ezzouak. Et Fouad Laroui de rebondir sur la question identitaire.

«Quand on est au Maroc, on n’a pas de doute sur son identité. En revanche, quand on est de deuxième génération, donc les jeunes qui sont nés aux Pays-Bas et qui ont un passeport néerlandais, eux, ont une solution de rechange. Quand ils sont confrontés à ce problème de langue et d’appartenance, ils disent qu’ils sont Néerlandais.»

Mais pour Farid El Asri, même s’il y a ce «sentiment de frustration» engendré par la langue, «cela ne veut pas dire qu’il y a une rupture ou une fissure». «Il me semble que le lien d’attachement est beaucoup plus large que le simple canal de la langue», lance-t-il.

Reprenant la parole, l’écrivain néerlando-marocain estime que «pour les raisons idéologiques, cette question est taboue». «Il faut se débarrasser de la passion, de caractère idéologique, et ensuite quand on aura fait ce travail entre nous, alors à ce moment-là on pourra passer à la seconde étape qui est une étape pragmatique». L’occasion aussi de citer l’apprentissage phonétique de l’arabe égyptien pendant six mois en première année à l’université d’Amsterdam avant l’arabe classique. Une solution parmi d’autres pour s'extirper des difficultés vécues par une génération d'enfants marocains à l'étranger.

Pour écouter le replay de l'émission cliquer ici :

Fofana-Yaya
Date : le 15 juillet 2017 à 20h28
Cool sui fan
Unesuggestion
Date : le 25 mai 2017 à 15h35
Juste pour le plaisir et pour illustrer.Quand on entend une langue classique, on se sent vraiment à la maison, au pays d’origine. LA radio qui diffuse en latin: Nuntii Latini
Citation
à écrit:
Emmanuel Macron, praesidens Franciae creatus In altero suffragio comitiorum praesidentialium Emmanuel Macron sexaginta sex centesimis votorum acceptis praesidens Francorum in proximum quinquennium creatus est. http://areena.yle.fi/1-4068456
Citation
à écrit:
Quid Trump dixerit Die Saturni (29.4.) centum dies acti erant, cum Donald Trump Civitatibus Americae Unitis praeesse coepit. http://areena.yle.fi/1-4053841
Citation
à écrit:
Pyongyang iubilabat Die Saturni (15.4.) Pyongyang, urbs princeps Coreae Septentrionalis, supellectili militari et magna multitudine hominum laetitia exsultantium abundabat. http://areena.yle.fi/1-4010222
http://areena.yle.fi/1-4097943
Unesuggestion
Date : le 25 mai 2017 à 15h20
Tout ça pour dire que le mieux est de faire comme dans tous les pays qui ont voulu progresser: Bien enseigner dans la langue locale (il y a passablement de monde qui parle darija: C'est la langue du Maghreb. Ce n'est pas une perte: C'est un gain. Mieux on apprend la langue maternelle, mieux on apprend les langues étrangères ou véhiculaires. L'un dans l'autre, l'apprentissage de la 2e langue (et des suivantes) est plus rapide et plus profond. Si tu donnes ensuite plusieurs options à des élèves, avec le même coefficient des notes , il est clair que les élèves choisissent d'abord la langue proche de celles qu'ils parlent déjà : Un alsacien choisit l'allemand plutôt que l'italien. Un Toulousain choisit l'espagnol plutôt que l'allemand. Un darijophone a sans doute une forte propension à opter pour l'arabe littéraire. On le fait dans les pays alémaniques (dont l'Alsace). Il n'y a aucune raison qu'on ne puisse faire pareil dans un pays darijophone.
Unesuggestion
Date : le 25 mai 2017 à 15h17
Il faudra m'expliquer où tu trouves 540 millions de personnes qui parlent couramment l'arabe littéraire. (je ne vais pas pinailler au sujet du nombre de francophones, mais constater que LA langue populaire d'Europe est l'allemand. Celle-ci est autochtone (depuis 1700 ans), de la France à la Russie, du Danemark en Italie et aux Balkans.) En dehors d'Arabie et un petit morceau du Levant, "arabe" n'est plus qu'un adjectif qu'on accole à des langues du 21e siècle, un peu comme "latin" est un adjectif qu'on accole à des langues du 21e siècle. C'était d'ailleurs souvent une illusion d'optique: Les peuples ne parlent jamais la langue des empires. Ceux qui la parlent sont les lettrés (clercs) universitaires, notaires et religieux. Les langues impériales diffusent lentement dans les langues locales, ce qui ne fait pas des langues locales des dialectes. On peut garder les langues anciennes sous perfusion, en particulier dans le domaine religieux, mais les langues locales reprennent assez vite vie, car les besoins d'une région ne sont pas les besoins d'une autre. (par exemple, dans l'agriculture: Celui qui habite une zone montagneuse humide n'a pas les mêmes outils que celui qui habite un désert sec. Pour tout dire: Chacun se fiche complètement des outils de l'autre et ne connaît ni leur nom, ni leur utilité, ni les verbes qu'il forment etc) À la fin, il ne reste +/- que l'usage religieux et les domaines artistiques qui y sont liés. Même le Coran d'Othman n'est plus écrit de la même manière qu'à l'origine: Il n'a pas été écrit en alphabet, mais en consonnes. Les diacritiques (accentuation à valeur vocalique) n'ont été introduites que plus tard.
Citation
"charmeur de serpent" à écrit:
@Unesuggestion Pourquoi vous n'apprenez pas le Martien ? ça peut vous aider à communiquer avec les martiens quand vous serez sur Mars. L'Arabe est une langue vivante et c'est aussi la langue du Coran et ce n'est pas pour rien que beaucoup d'étrangers apprennent cette langue, allez leur demander pourquoi. Beaucoup d'immigrés (comme le cas de mon cousin) vont travailler au Moyen-Orient (Dubai, ... etc.) et parler l'Arabe leur facilite la tâche. Pour le Maroc, apprendre l'Arabe leur facilite les démarches administratives et ses paperasses, .... etc. A titre d'informations, l'Arabe est classée 4ème selon le nombre de locuteurs (540 millions) avant même le Français (6ème/ 275 millions) et l'allemand (12ème/ 143 millions).
Boa
Date : le 25 mai 2017 à 08h59
Ne pas maitrisez l'arabe classique ne m'a pas coupé du maroc ,bon c'est vrais que cela est pénible de ne pas comprendre tout dans les journaux télévisés et dans certains films .. La compréhension de darija suffit largement ,par contre si tu veux bosser au maroc ,ce serait un plus de maitriser la langue parfaitement . Moi ce qui me dérange le plus c'est que cela m'handicape dans la lecture du Coran et de sa compréhension .
charmeur de serpent
Date : le 25 mai 2017 à 06h58
@Unesuggestion Pourquoi vous n'apprenez pas le Martien ? ça peut vous aider à communiquer avec les martiens quand vous serez sur Mars. L'Arabe est une langue vivante et c'est aussi la langue du Coran et ce n'est pas pour rien que beaucoup d'étrangers apprennent cette langue, allez leur demander pourquoi. Beaucoup d'immigrés (comme le cas de mon cousin) vont travailler au Moyen-Orient (Dubai, ... etc.) et parler l'Arabe leur facilite la tâche. Pour le Maroc, apprendre l'Arabe leur facilite les démarches administratives et ses paperasses, .... etc. A titre d'informations, l'Arabe est classée 4ème selon le nombre de locuteurs (540 millions) avant même le Français (6ème/ 275 millions) et l'allemand (12ème/ 143 millions).
Unesuggestion
Date : le 25 mai 2017 à 01h17
Poser la question, c'est y répondre: Les attaches, c'est pouvoir parler avec ses grands-parents, dans la langue de la famille, et les gens dans la rue du bled, dans la langue du bled. Si on veut parler avec ses grands-parents et les gens du bled, ne pas parler darija ou/et tamazight est donc un immense défaut, une tare Les grands parents ne sont pas éternels. Si on perd ce qu'ils peuvent transmettre, c'est perdu pour toujours. Avec le temps économisé en ne gâchant pas son énergie à apprendre une langue pratiquement inutile pour les gens ordinaires, il est plus sensé d'apprendre le chinois, l'espagnol ou l'allemand, ainsi que les maths, les sciences exactes et les techniques.
charmeur de serpent
Date : le 24 mai 2017 à 23h42
@baliygh75 Déjà, ce qu'on enseigne, aujourd'hui, c'est de l'arabe standard et l'arabe classique c'est surtout pour enseigner la littérature arabe (poésie et prose). Donc, les MRE n'ont pas besoin d'apprendre, par cœur, les textes de Omar Khayyam ou Abu-l-Ala_al-Maari pour mieux maîtriser l'arabe utilisé, aujourd'hui, à la télé, à l'administration, ... etc. Le vrai problème avec la langue arabe, c'est le niveau intellectuel des premières générations d’immigrés qui étaient surtout des gens illettrés et qui n'ont pas pu transmettre cette belle langue à leurs enfants et se sont contentés de leur apprendre la darija et les autres dialectes marocains, sans oublier, bien sûr, que l'Etat marocain n'a pas investit assez d'efforts pour les inciter à apprendre et à aimer l'Arabe. Donc, dire que l'arabe classique éloigne davantage les MRE de leur pays d'origine est une conclusion hâtive qui ne prend pas en considération les conditions de vie des MRE dans leurs pays d'accueil. C'est comme si on demande de s'adresser aux MRE avec la langue du pays d'accueil pour les inciter à aimer leur pays d'origine et à s'intéresser à sa culture.
wakrim
Date : le 24 mai 2017 à 21h19
Salam Je dirais plus, l'arabe classique est un merveilleux ciment pour les MRE avec leurs pays d'origines.
baliygh75
Date : le 24 mai 2017 à 20h34
Salam Tu peux lire : Les Rubaïyat d'Omar Khayyam ou https://fr.wikipedia.org/wiki/Abu-l-Ala_al-Maari
Citation
Esquisse à écrit:
Salam alaykoum, Je ne pense pas que l'arabe classique soit à l'origine d'un quelconque éloignement entre lez MRE des deuxieme et troisième génération et le Maroc. C'est le fait de vivre en Europe qui crée cet éloignement. La part des MRE de troisieme génération qui maîtrisent le darija et/où le berbere est je pense assez faible (je n'ai pas de stats^^)..Leurs enfants, qui naîtront et grandiront en Europe, auront encore une moins bonne maitrise de ces langues. Le processus continuera ainsi. En outre j'aime beaucoup l'arabe classique, que je maîtrise moyennement d'ailleurs, et je trouve qu'on ne met pas suffisament en avant cette langue au Maroc. Je parle d'un point de vu culturel (livres, poésie, films., éducation...). Le Maroc est riche d''une grande diversité linguistique. Il doit en faire un atout et ne pas délaisser une partie de son héritage linguistique pour de simples raisons économiques et d'influences poltiques.
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