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Autrefois repère incontournable de figures artistiques et intellectuelles de renom, à l’image des peintres Henri Matisse et Eugène Delacroix, et de l’écrivain américain Paul Bowles, Tanger s’inscrit aujourd’hui dans un tout autre mouvement, loin des œuvres qui y sont nées.
C’est que la ville du Détroit, avec une croissance annuelle de 20% et une contribution à hauteur de 10% dans le produit intérieur brut (PIB) marocain, est devenue un vivier d’investissements où se pressent notamment les entreprises espagnoles, rapporte El País.
Initiée en 2013, la reconversion de l’ancien port de Tanger Ville, à travers le programme urbain «Tanger Métropole» (7,6 milliards de dirhams d'investissements dont 2 milliards de dirhams pour les seuls aménagements maritimes), a certes contribué à susciter l’intérêt des entrepreneurs du voisin espagnol.
«C’est un projet majeur. Le but : faire de Tanger une des métropoles méditerranéennes qui comptent vraiment et non plus un simple point d’entrée au Maroc. Je vous l’affirme, notre ambition à terme est même de dépasser Casablanca et devenir le pôle économique principal du royaume !», avait d’ailleurs confié en 2013 Fouad El Omari, maire de la ville, à l’Usine nouvelle.
D’une pierre, deux coups
Pour Driss Benabad, directeur technique de la Société d’aménagement pour la reconversion de la zone portuaire de Tanger ville (SAPT), le pari est en passe d’être réussi : «Sa position géographique, exceptionnelle, en a fait une ville très attractive pour le capital-investissement. De même, son tourisme et ses croisières sont de qualité. Nous voulons faire connaître la richesse de l’histoire de Tanger et en exploiter le potentiel.»
En réaménageant son port, la ville a fait d’une pierre deux coups : offrir aux entreprises espagnoles des opportunités d’internationalisation, en concurrençant directement le port d’Algésiras, à l’extrême sud de l’Espagne.
Passerelle entre l’Europe et l’Afrique, Tanger joue également un rôle clé dans cette «autoroute maritime» qu’est le détroit de Gibraltar : plus de 300 navires empruntent quotidiennement ce canal. En 2015, l’Espagne a comptabilisé 68 709 bateaux en direction de l’Atlantique, d’après le dernier rapport des secours maritimes espagnols. En revanche, le Maroc ne fournit aucune donnée sur ses navires qui quittent le territoire par la «voie sud». El País avance toutefois une estimation, qui dépasse de loin les sorties espagnoles : plus de 120 000 bateaux marocains auraient traversé le détroit de Gibraltar en 2015.
