En déclarant «Le mégaprojet du gazoduc entre le Nigéria et le Maroc constitue un modèle de coopération Sud-Sud, devant bénéficier du soutien des instances financières arabes», le roi s’est montré offensif à l’égard des institutions financières arabes réunies à Rabat pour leur réunion annuelle, mardi 18 avril 2017. Il les a très clairement appelés à renforcer leur soutien aux projets développés au Maroc.
Depuis plusieurs années les Etats du Golfe sont déjà devenus des partenaires économiques cruciaux pour le Maroc. «L’analyse de l’évolution de la provenance des IDE au Maroc montre une tendance baissière de la part des investissements en provenance des pays de l’Union européenne (85% des Investissements étrangers au Maroc sur la période 2000-2007, contre environ 60% entre 2008 et 2015), au profit des pays arabes qui sont à l’origine de 41% des investissements étrangers [soit, 105,5 milliards de dirhams, ndlr] au Maroc entre 2008 et 2015, contre 10% sur la période 2000-2007», révèle le rapport économique accompagnant le projet de loi de finance 2017. Les Emirats Arabes Unis ont ainsi relégué l’Espagne à la troisième place des investisseurs au Maroc.
Printemps arabe comme accélérateur
En parallèle, les pays du Golfe, poussés par le contexte politique, ont accordé des dons massifs au Royaume. Après les déclenchements de plusieurs révolutions dans le monde arabe, les Conseil de Coopération du Golfe (CCG) a d’abord invité le Maroc à le rejoindre pour instituer la solidarité des monarchies arabes. Devant le refus du palais mais l’empressement de Mohammed VI, le CCG a ensuite promis au Royaume 5 puis 13 milliards de dirhams de dons. Un compte spécial a même été créé par l’Etat pour les accueillir. En 2016, selon le projet de loi annuel, il disposait des 13 milliards de dirhams.
Des dons mais encore peu de prêts. Les pays arabes ne détiennent en effet en 2016 que 2,8% de la dette extérieure du Maroc, selon le bulletin statistique publié en décembre dernier par la direction du Trésor et des Finances publiques, soit 8,74 milliards dirhams. Cette part a même tendance à baisser puisqu’elle était de 3,2% en 2012.
Les prêts des institutions financières arabes se sont pourtant multipliés à l’hiver dernier. Ils ont permis de boucler le budget de la LGV et de ses nouvelles gares. Ainsi la BID a accordé un prêt de 980 millions de dirhams pour financer les gares de Casablanca, Kenitra et Tanger. Le Fonds Arabe de Développement Economique et sociale (FADES) qui avait déjà prêté 864 millions de dirhams au projet a rajouté 1,6 milliard pour les deux gares de Rabat. Le Fonds d’Abu Dhabi qui avait déjà prêté 1,24 milliard de dirhams a accordé une rallonge de 400 millions. Le déplacement des représentants de ce fonds au Maroc, en décembre dernier, avait justement été l’occasion pour le gouvernement marocain de présenter une pile de projets ‘bancables’ en recherche de financement.