Après la décompensation sur les produits pétroliers, dont l’essence, le gazole et le fuel, opérée sous Benkirane, son successeur compte suivre le même chemin. En effet, le nouveau chef du gouvernement, Saâdeddine El Othmani, compte bien décompenser les trois produits subventionnés par l’Etat : «qu’il s’agisse du gaz, de la farine ou du sucre, la décompensation progressive va se faire», confie un membre de l’équipe El Othmani à TelQuel.
Ceci dit, cette initiative ne pourra être prise qu’à partir du moment où le gouvernement aura déterminé à qui seront destinées les fameuses aides sociales. Des aides directes qui sont censées remplacer la marge allouée auxdits produits à certaines classes sociales de la société. Des enveloppes budgétaires donc qui seront directement reversées aux citoyens concernés de telle façon à ne faire profiter que les marocains dans le besoin. Une politique expliquée par le ministère de tutelle comme allant de paire, «la continuité des réformes et la continuité du volet social sont deux variantes qui vont ensemble», a affirmé à TelQuel Lahcen Daoudi.
Mieux cibler les aides
Bien que la décompensation avait été mise en place afin de stabiliser le cours des prix et approvisionner efficacement les marchés, elle bénéficiait indistinctement aux ménages les plus riches comme les plus modestes. En effet, au fil des années, le budget annuel alloué n'a cessé d'augmenter. En 2011 la charge de compensation avait même atteint 51,77 milliards de dirhams en raison de l'explosion des prix du pétrole et des matières premières sur les marchés mondiaux. Depuis, la baisse des prix et la première réforme ont permis d'alléger conséquemment le budget avec 14 milliards de dirhams alloués dans le projet de loi de finance en 2017.
La cure d'austérité du gouvernement Benkirane est donc appelée à se poursuivre avec son successeur, conformément aux recommandations du FMI et de la Banque mondiale. Néanmoins la grande différence pourrait être ces aides directes aux populations les plus défavorisées. A moins qu'à l'instar de Abdelilah Benkirane, Saâdeddine El Othmani promet de «compenser» la décompensation dans le seul but de faire passer la pillule de rigueur budgétaire.