Le Polisario a dépêché jeudi son coordinateur avec la Minurso, M’Hamed Khadad, à Stockholm. Les mauvaises nouvelles pour la direction du Front en provenance de la Suède ont dicté ce déplacement, notamment la réduction de moitié des aides humanitaires qu’accorde ce pays à la population des camps de Tindouf.
Une décision prise, au début de cette semaine, par le gouvernement de Stefan Löfven. Ce qui devrait se traduire par la perte de cinq millions euros par an pour Brahim Ghali et les siens contre 10 millions d’euros auparavant. L’Etat algérien serait également perdant dans cette opération de soustraction. Les taxes que prélèvent ses services douaniers sur les aides aux sahraouis de Tindouf accuseraient un tassement.
Les aides, une question prioritaire pour la direction du Polisario
«M’Hamed Khadad a pour mission de convaincre les autorités suédoises de revenir sur leur décision ou du moins de l’atténuer, d’autant qu’elle pourrait faire tâche d’huile en Europe», nous confie une source proche du dossier. C’est dans cette perspective qu’il s’est réuni, hier dans la capitale suédoise, avec la numéro 2 de la diplomatie, Annika Soder.
Certes, l’agence de presse officielle du Polisario a évité de mentionner la très sensible question des aides comme elle avait fait pour le rejet par le parti des Sociaux-démocrates, au pouvoir à Stockholm depuis les législatives de septembre 2014, d’une demande visant à reconnaitre la «RASD». En revanche, la SPS a attribué à la vice-ministre des Affaires étrangères des opinions totalement en phase avec les thèses du Polisario sur le différend territorial du Sahara occidental. A Stockholm, Khadad n’a pu s’entretenir avec la cheffe de la diplomatie, Margot Wallström.
La tendance de réduire les aides à la population des camps de Tindouf ne concerne pas uniquement la Suède mais elle affecte l’ensemble des pays donateurs. Ainsi, dans son rapport sur le Sahara, remis lundi aux membres Conseil de sécurité, le secrétaire général des Nations Unies a déploré cette situation. Il a révélé que sur les 135 millions de dollars promis aux Sahraouis pour les exercices 2016 et 2017, le Haut-commissariat aux réfugiés n’a reçu l’année dernière que 34%. Ses besoins étaient estimés à 29 millions de dollars, poursuit la même source. Cette baisse est la conséquence directe des opérations massives de détournement des aides humanitaires par les hauts cadres du Polisario, pointées du doigt en 2015 par un rapport de l’Union européenne.