Dans le cabinet El Othmani, une entité de taille manque à l’appel : l’Afrique. Parallèlement à l’adhésion du royaume à l’Union africaine, des informations annonçant le retour du ministère chargé des Affaires africaines avaient circulé.
Ce département avait été créé au début des années 60 par le roi Hassan II, qu’il avait d’ailleurs confié à deux reprises, en 1961 et 1963, à Abdelkrim El Khatib. Depuis, ce ministère a complètement disparu des listes des gouvernements qui se sont succédés au Maroc.
Le discours de Dakar de Mohammed VI, qui a placé le continent au cœur de la politique étrangère du royaume, a relancé les spéculations sur l’attribution de ce ministère à un membre de l’USFP. Les défenseurs de l’intégration des amis de Driss Lachgar dans la majorité gouvernementale avançaient que les «socialistes sont capables de mieux défendre les causes du Maroc sur la scène continentale».
Les hommes du Palais continueront à gérer les relations avec l’Afrique
Prenant très au sérieux ces «arguments», le parti de la Rose avait organisé, les 16 et 17 février au siège de la Chambre des représentants, un colloque sur la «coopération et [les] enjeux de la sécurité et du développement en Afrique de l’Ouest». Plusieurs partis socialistes de la CEDEAO, notamment du Sénégal, du Bénin, du Mali, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, du Togo, du Cap-Vert et du Burkina Faso, avaient répondu présent à l’invitation du groupe des députés de la Rose.
Sauf que cette initiative n’a pas eu l’effet escompté par l’USFP. Pis, aucune autre formation politique n’a eu droit au très convoité département des Affaires africaines. Le Palais continuera de gérer ce dossier extrêmement sensible pour les intérêts stratégiques du royaume.
Comme lors de l’offensive de 2016, le tandem Nasser Bourita-Yassin Mansouri poursuivra sa mission. La mise à l’écart des partis de la gestion des affaires africaines ne constitue pas une surprise, sachant que leur présence est faible. La preuve : toute la campagne qui a précédé l’admission de Rabat à l’Union africaine a été menée exclusivement par les hommes du Palais.
Cette perte de notoriété des partis politiques sur la scène politique étrangère handicape sérieusement la défense des intérêts du royaume dans des organisations partisanes. En témoigne les échecs de l’USFP à l’Internationale socialiste face à la percée du Polisario.