Au lendemain du communiqué du Cabinet royal annonçant la désignation d’une «autre personnalité politique du Parti justice et développement (PJD) en tant que nouveau chef du gouvernement», les réactions des chefs des partis politiques se succèdent.
Le secrétaire général de la Lampe a naturellement été le premier à s’exprimer. Mercredi soir, après avoir demandé aux membres de sa formation politique de s’abstenir de tout commentaire sur la décision du roi Mohammed VI, Abdelilah Benkirane s’est confié à l’agence britannique Reuters. Réagissant à la décision de son limogeage, le désormais ex-chef du gouvernement désigné s’est contenté d’affirmer que la décision royale s’inscrit dans le cadre de la Constitution. «C’est notre Roi et sa décision s’inscrit dans le cadre de la Constitution que je respecte et que je considère comme un référentiel», a-t-il dit.
«J’effectuerai l’ablution pour prier et je continuerai le travail», a-t-il ajouté en clin d’œil, peut-être, à ses détracteurs, rappelant implicitement qu’il est toujours à la tête du parti politique qui a remporté les élections législatives du 7 octobre dernier.
Nabil Benabdallah dit espérer que le PJD «réagira positivement à cette proposition»
La deuxième réaction revient à celle de l’allié d’Abdelilah Benkirane, Nabil Benabdallah. Dans une déclaration accordée à Yabiladi ce jeudi, le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS) a rappelé d’emblée «les efforts entrepris par le PPS pour qu’Abdelilah Benkirane réussisse à poursuivre ses missions à la tête du gouvernement et forme un nouvel exécutif». «Nous ne sommes pas parvenus à atteindre cet objectif ; Abdelilah Benkirane n’a pas pu former un nouveau gouvernement après cinq mois. Dans ces instants, je tiens à lui adresser mes salutations les plus respectueuses et mon respect à sa personne», nous dit-il.
L’occasion pour lui de paraphraser le communiqué du Cabinet royal. Vers la fin, ce dernier avait insisté sur le «haut sens de responsabilité et de patriotisme sincère dont a fait preuve M. Abdelilah Benkirane», remerciant son «efficacité», sa «compétence» et son «abnégation». Pour le patron du parti du Livre, «Sa Majesté le Roi a préféré une solution alternative qui respecte le texte constitutionnel, l’approche démocratique et la volonté populaire exprimée lors du scrutin du 7 octobre».
«J’espère sincèrement, malgré cette situation et la difficulté que pose ce choix, que le PJD réagira positivement à cette proposition et qu’il participe à la formation d’un gouvernement qui respecte la Constitution, sauvegarde la volonté populaire et bénéficie du soutien et de la confiance de Sa Majesté.»
Pour Laenser, choisir une autre personne «est la meilleure option»
De son côté, Mohand Laenser a estimé ce jeudi que la décision du roi Mohammed VI est la «plus conforme à la Constitution». «A partir du moment où Abdelilah Benkirane n’arrive pas à constituer le gouvernement, Sa Majesté a pris la décision la plus conforme à la Constitution, qui a respecté la lettre et l’esprit de ce texte», déclare-t-il à Yabiladi. «Le Roi a donc décidé de choisir une autre personne au sein du parti arrivé en tête. C’est la meilleure option», estime-t-il.
«Il faut désormais attendre de connaître cette personnalité et voir un peu dans quel état d’esprit elle va constituer le nouveau gouvernement. Tout dépendra des instances du PJD. Je pense que la sagesse voudra que la formation politique s’engage dans cette voie parce que là aussi, cela s’inscrira dans le respect de la Constitution et des intérêts supérieurs de la nation.»
Abdelilah Benkirane, secrétaire général de la Lampe, n’a pas encore tenu de réunion avec les membres de sa formation politique afin de se mettre d’accord sur un candidat consensuel chargé de former le nouvel exécutif, plus de cinq mois après le scrutin législatif du 7 octobre dernier. En attendant, le nom de celui qui succédera à Abdelilah Benkirane ne sortira pas de la liste des quatre candidats potentiels : Mustapha Ramid, Saâdeddine El Othmani, Aziz Rabbah ou encore Driss El Azami.