La suite de la vidéo explicative de Samira El Ghinaoui, femme de ménage au service de la consule générale du Maroc à Orly est sortie aujourd’hui. Les accusations de la citoyenne marocaine à l’encontre de son employeuse Malika Alaoui se révèlent lourdes… très lourdes.
Après les premières informations qu’elle livrait dans la première partie de la vidéo enregistrée, concernant les fausses promesses que la diplomate aurait données, ainsi qu’une «interdiction de parler et de sortir», Samira El Ghinaoui dévoile les détails effrayant de l’affaire dont elle serait victime. Elle a déposé deux plaintes pour maltraitance et harcèlement sexuel avec l'aide de l’ONG Comité contre l'esclavage moderne, qui s'est occupée de son cas.
Viol, complicité et chantage
Selon les déclarations de la femme de ménage, le fils de la consule l’aurait violée à plusieurs reprises sans que ses parents ne réagissent.
«Alors qu’elle est au travail, son mari me surveille toute la journée. Ce que je n’ai pas pu supporter c’est la violence: la violence du fils qui voulait avoir des actes sexuels avec moi, même si son père est à la maison. Quand je me plaignais auprès de lui, en lui demandant de voir ce que son fils me faisait, il me répondait:‘A quoi sers-tu? De toute façon, tu es divorcée’. Je répliquais que même divorcée j’étais une femme honorable et que je travaillais dur pour gagner le pain de mon fils et de ma famille, je n’étais pas là pour coucher avec lui, son fils ou quiconque d’autre.»
Dans la parenthèse du viol, elle ajoute que le fils lui arrachait les cheveux quand elle refusait de se mettre au lit avec lui : «Il ne m’a laissé aucun cheveu, je criais dans la chambre et son père entendait tout». Ce sont les voisins «français» qui l’avaient secourue, continue-t-elle, lorsqu’elle a passé son numéro de téléphone à leur fille sans qu’elle parle la langue pour autant. «Ils ont appelé l’association qui m’ont posé des questions et je leur ai raconté mon histoire».
D’après la plaignante, Malika Alaoui aurait menacé de la renvoyer illico au Maroc si elle ressortait du domicile : «Si tu ne veux pas repartir vivante, je t’enverrai dans un cercueil.» L’employée lui demande ‘ses droits’ si la consule ne veut plus de ses services, ou qu’elle lui trouve un autre travail le temps qu’elle finisse son contrat. La diplomate aurait rétorqué qu’elle n’avait ‘aucun droit et que son contrat était exclusif avec elle’.
La domestique finit par tomber sur ledit contrat et le donne à la fille du voisin. Auprès de l’association, on l’éclaire sur sa situation :
«On me dit que j’ai un passeport diplomatique qu’elle m’avait pris, je l’ai récupérée seule. Dans mon contrat on ne mentionne pas mes jours de repos, mon congé ou mes horaires de travail, je suis debout toute la semaine de 6 heures du matin à minuit. Le week-end j’avais encore plus à faire : cuisiner, préparer le pain, faire le grand-ménage et la lessive, tout faire en plus de son massage (la consule, ndlr), son bain et la coiffer, sans jamais entendre une seule fois ´Merci', je touchais déjà un million et demi de centimes (15 000 dirhams soit près de 1500 euros) me disait-elle.»
Samira El Ghinaoui s’indigne : «Est-ce juste de ramener une citoyenne et la maltraiter, Dieu a-t-il demandé cela ? Notre roi l’accepterait-il ?» La consule générale l’aurait menacé de prison si elle parlait du viol «vous, les bonnes êtes des menteuses», lui aurait-elle répondue, «je porterai plainte contre toi je dirai que tu as parlé du roi (en mal, ndlr)».
Relations conflictuelles entre la consule et le personnel
En conclusion, la présumée victime qui avance également qu’on l’affamait, lance un appel au gouvernement pour lui rendre justice. «Cette femme que le Roi a désigné pour rendre service aux citoyens, ne le faisait guère, même pas envers moi». Des sources de Yabiladi avaient confirmé des rapports litigieux entre la consule générale et le personnel de son consulat.
Cette dernière a été entendue par l’ambassade tout comme sa femme de ménage qui a été reçue à deux reprises, dimanche après-midi et lundi dans la matinée, rappote Atlas Info. Les deux parties ont été entendues par le ministre-conseiller, le conseiller social et les deux magistrats du service juridique près l’ambassade du Maroc à Paris.
Pour sa défense, la consule générale, qui serait toujours en France d’après la même source, avance que la plaignante lui aurait caché au moment de la signature du contrat être atteinte d’épilepsie. Samira El Ghinaoui aurait refusé un accompagnement juridique (l’ONG lui avait mandaté un avocat) et ne répondrait plus depuis mardi après-midi aux appels de l’ambassade.