Visiblement, les cinq mois de blocage pour la formation du gouvernement ont eu raison de la cohésion au sein du PJD. Les divergences entre membres du secrétariat général ne sont plus contenues, comme auparavant, et trouvent facilement un écho dans les médias. En l’espace de quelques jours, deux anciens ministres du PJD ont fait l’objet de critiques et de graves insinuations émanant d’un quotidien réputé proche des islamistes de la Lampe.
Dans son édition du samedi 4 mars, Akhbar Al Yaoum a réservé un éditorial, et non un article, à Aziz Rabbah, l’accusant de «faire la promotion» de la fin du blocage gouvernemental. Le maire de Kenitra se voit reprocher de plaider pour l’intégration de l’USFP afin de dépasser la crise qui perdure depuis le 10 octobre.
Benkirane avait conseillé à Rabbah de ne pas brûler les étapes
Pourquoi cibler particulièrement Rabbah alors que Mustapha Ramid et Lahcen Daoudi ont adopté la même position ? Les ambitions et la popularité, notamment auprès de la jeunesse, de l’ancien ministre des Transports dérangent les «faucons» du PJD et du Mouvement unicité et réforme (MUR), alors que quelques mois seulement nous séparent du prochain congrès du parti.
Une réunion qui devrait débuter par une modification des statuts internes du parti pour se conclure par l’intronisation de Benkirane à la tête de la Lampe, rempilant ainsi pour un troisième mandat.
Ces attaques qui visent essentiellement Rabbah ne sont que le dernier épisode d’une série lancée depuis plusieurs mois. Fin juillet à Agadir, le secrétaire général avait conseillé à son jeune ministre de ne pas brûler les étapes et d’«attendre son tour» avec les autres prétendants à sa succession.
Abdelkader Amara, l’autre dommage collatéral
Hier, c’est le nom d’Abdelkader Amara qui a été cité dans un éditorial du quotidien Akhbar Al Yaoum réservé à Aziz Akhannouch. Le texte insinue que l’ancien ministre de l’Energie et des mines aurait bénéficié d’un cadeau de la part d’une société immobilière appartenant au holding du président du RNI. Selon le journal, Amara aurait disposé d’un appartement de luxe pendant un an aux frais du groupe d’Akhannouch. L’auteur de l’éditorial a évoqué la thèse du «conflit d’intérêt», rappelant qu’Amara était ministre d’un secteur dans lequel son homologue à l’Agriculture et la pêche maritime y est fortement présent.
Après Rabbah et Amara, à qui le tour ? Si le blocage se poursuit encore, d’autres noms du PJD qui désapprouvent la conduite de Benkirane sur les négociations feront, à coup sûr, l’objet de critiques et d’atteintes à leur crédibilité morale.