Jordi Pujol est dans la ligne de mire de «Chris Coleman» en raison de sa proximité avec le Maroc. Le «hacker» publie une lettre, datant du 22 septembre 2011, de l’ancien président de la Catalogne (24 avril 1980-20 décembre 2003) adressée à l’ex-ministre des Affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri, à dessein de montrer que le Catalan serait à la «solde» de Rabat.
Dans sa missive, Pujol couvre d’éloges les «réformes» entreprises par le roi Mohammed VI. «L’Europe ne peut que juger positivement le fait que le Maroc est capable d’éviter les dangereuses situations qui se produisent dans le Nord d’Afrique et également au Proche-Orient», écrit le Catalan. Et d’ajouter que le royaume est «capable également d’impulser une série de réformes qu’il faudra sans doute compléter dans le futur».
Soutien clair de Pujol pour le Maroc
Quant à l’évaluation de ces réformes en Espagne, Pujol dresse le constat suivant à l’ancien chef de la diplomatie : «A l’exception de certains groupes radicaux de gauche et, également, de certains secteurs de l’opinion publique qui sont partisans du Polisario (…) le Roi est maintenant considéré comme une garantie de stabilité et de progrès pour beaucoup de ceux qui le voyaient il y a peu comme un frein politique, social et de la liberté».
La deuxième partie de la lettre est consacré à la «déception» de Pujol du peu d’intérêt qu’accorde la classe politique européenne à la Méditerranée. Le Processus de Barcelone, lancé en grande pompe à Barcelone en 1995, n’est plus qu’un lointain souvenir. «Laissé de côté puis neutralisé et mal remplacé par l’Union pour la Méditerranée. Une initiative, à mon avis, due à un réflexe de «grandeur» française et de volonté de jouer les premiers rôles au président Sarkozy qu’au fruit d’une réflexion et d’un projet solide».
Des liens qui remontent aux années Hassan II
Mais le fait que Jordi Pujol soit proche du Maroc est loin d’être un scoop. Son nom figurait déjà sur une liste de personnalités espagnoles amies du Maroc publiée en 2006 en Espagne et reprise par des médias marocains et algériens. Une proximité qui remonte même aux années Hassan II. En septembre 1994, soit un mois après l’attentat contre l’hôtel Asni à Marrakech, le Maroc reçevait Pujol avec les honneurs militaires et le drapeau catalan flottant à côté de celui d’Espagne ; exception accordée pour le président de la région autonome.
En 2001, il s’entretenait avec le roi Mohammed VI et le chef du gouvernement Abderrahman El Youssoufi. Et même lorsqu’il a quitté la présidence de la Generalitat en 2003, il a continué à défendre ouvertement les intérêts du Maroc et œuvrer au rapprochement entre Barcelone et Rabat.
Ce n’est d'ailleurs pas un hasard si ces successeurs, notamment le socialiste Pasqual Maragall et le nationaliste de droite Artur Mas -ancien ministre de Pujol-, ont effectué des visites au Maroc. Le premier en mai 2004, sa première sortie à l'étranger, et le deuxième en janvier 2012.