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Grand Angle

Nouveau produit islamique : Echec annoncé?

Bank-Al-Maghrib est en pourparler avec le groupe professionnel des banques du Maroc pour l’introduction sur le marché d’un nouveau produit islamique dit «sukuk». Jusqu’ici les produits islamiques n’avaient pas connu un grand succès au Maroc, qu’en sera-t-il des sukuk ?

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La banque centrale marocaine négocie actuellement avec le Groupe Professionnel des Banques du Maroc (GPBM) sur la réglementation qui permettrait l’émission d’obligations islamiques appelées «sukuk», a déclaré à Reuters, mardi 29 mars, le gouverneur de Bank-Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri. Depuis 2007, la BAM permet à certaines banques de proposer des produits financiers islamiques à leurs clients mais elles ne délivrent pas de licences à des institutions islamiques à part entière. L'encourt des produits islamiques a atteint les 900 millions de dirhams fin 2010, a communiqué la BAM

Plusieurs acteurs économiques, à l’instar de Norfadelizan bin Abdul Rahman, vice-président des marchés islamiques de la bourse malaisienne, soutiennent que la finance islamique pourrait avoir un grand succès au Maroc. Il «estime que le Maroc, de par son positionnement, sa stabilité et le degré de développement de ses activités financières, peut devenir un acteur majeur de la finance islamique dans la région», rapporte HalalMagazine. Un engouement qui atteint l’occident. En février 2011 s’est tenu, en France, le Forum de la finance islamique. Au Maroc, pourtant, depuis le lancement de ce mode de finance alternatif, les premiers résultats semblent montrer le contraire.

… trois au départ, un seul reste sur le marché

A leur lancement sur la marché marocain, les produits islamiques étaient au nombre de trois. Le premier, «Ijara», est assimilé au crédit-bail (crédit permettant l'acquisition d'un bien en échange de redevances ) et peut s’appliquer aussi bien aux équipements qu’à l’immobilier. Le deuxième, Musharaka, adopte les mêmes règles que le capital investissement (un investisseur entre au capital de sociétés qui ont besoin de capitaux propres). La Mourabaha, quant à elle, concerne principalement le financement des biens immobiliers. Un seul a retenu l’intérêt : la Mourabaha. Il s’agit d’un contrat de vente où la banque achète un bien à un certain prix et son client la rembourse progressivement à un prix supérieur. Il ne s’agit pas, théoriquement, d’un taux d’intérêt mais du prix du bien augmenté de sa plus-value acquise pendant le temps du remboursement. Selon ses auteurs, elle répond aux exigences et préceptes de l’islam.

Quelques rares entreprises en tirent profit. Dar Assafaa, société spécialisée dans la commercialisation des produits alternatifs et filiale d’Attijariwafa bank, offre la Mourabaha. Elle est le seul produit islamique proposé à ses clients. «Nous avons commencé en juillet 2010 et le produit marche bien», indique Ali Boufaf, commercial.

L’échec des banques

Si la Mourabaha a du succès au sein des sociétés spécialisées en matière de finance islamique, il n’en va pas de même pour les banques. Offrant généralement des produits bancaires classiques, les banques qui se sont lancées en parallèle dans la commercialisation des produits islamiques n’ont pas eu de succès. Lancés entre 2007 et 2008 ces produits ont été abandonnés depuis. Attijariwafa Bank, la BMCE ou encore la Banque populaire ont essayé de vendre ces produits, avant de créer des sociétés spécialisées afin de gagner la part de marché constituées des Marocains désireux de financer leurs projets tout en respectant la chariaâ. Cependant, le concept est critiqué.

Plusieurs musulmans et professionnels de la finance soutiennent que la finance islamique n’est pas ce qu’elle prétend être. Les formules dites islamiques ne seraient que des produits classiques déguisés. Comment une économie arriverait-elle à se développer sans réaliser des bénéfices ? Quel serait le bénéfice d’une entreprise proposant des emprunts si ce n’est pas l’intérêt ?

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