En chœur, l’Algérie et le Polisario considèrent l’adhésion du Maroc à l’Union africaine (UA) comme une «victoire» pour le Front. Une version qui ne fait pas l’unanimité dans les camps de Tindouf. Différents sons de cloches à ces explications officielles commencent à y retentir. Une «opposition» encore timide qui commence toutefois à prendre forme avec, bien entendu, la bénédiction de Brahim Ghali.
Elle s’est d’ailleurs manifestée par la publication de deux articles presque simultanés sur le site Futuro Sahara. Des écrits qui, en plus de douter de la position de la direction du mouvement séparatiste, s’interrogent au passage sur l’ «influence» de l’Algérie en Afrique.
Sur un ton modéré, des reproches sont adressées au parrain algérien sur le peu de soutien qu’il a apporté à la campagne du Polisario, hostile à l’admission du Maroc à l’instance panafricaine. «Où sont passées les ressources financières de notre allié stratégique ?», se demande l’auteur d’un article. Et de conclure en qualifiant l’intégration du royaume à l’UA de «revers».
Après les milices, le tour est aux diplomates
Paradoxalement, il y a un mois, M’Hamed Khadad, le coordinateur avec la Minurso, s’est réjoui que «la position de l'Algérie se développe en tant qu’acteur principal dans la région (notamment au Mali et en Libye)».
Ces critiques, au demeurant modérées à l’égard de l’Algérie, sont d’une virulence extrême vis-à-vis de la machine diplomatique du Polisario sur le continent. Un ton qui suscite des interrogations d’abord sur leur timing ; ensuite sur leur publication sur un canal quasi-officiel.
Loin d’être un réquisitoire contre l’action de Brahim Ghali, ce dernier est en effet le principal bénéficiaire de cette «colère circonscrite» des Sahraouis. C’est une occasion pour lui de se débarrasser définitivement des fidèles de son prédécesseur, en poste depuis des années à la tête des représentations du Front en Afrique et ailleurs. Le premier coup de semonce avait été tiré fin décembre par le même Ghali à l’occasion de la conférence de l’évaluation de l’action de l’appareil diplomatique du Polisario.
Sans aucun doute, des têtes vont tomber dans les prochains jours. Ghali a déjà introduit des modifications dans la hiérarchie de ses milices, plaçant ses hommes de confiance dans les principales régions militaires. La prochaine étape sera-t-elle celle de la diplomatie ?