Salaheddine Mezouar et Yassine Mansouri étaient, lundi 23 janvier, chez le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara. Officiellement, l’adhésion du Maroc à l’Union africaine s’est glissée au centre des discussions. Leur visite intervient seulement deux semaines après la mutinerie de militaires installés à Bouaké. Le crépitement des armes dans ce haut lieu de l’opposition civile et militaire au régime de Laurent Gbagbo a fait craindre aux Ivoiriens un retour aux années de la guerre civile.
Malgré ce coup de colère de la part de plusieurs soldats de son armée, le président a affiché une détermination à aller de l’avant dans son projet de réorganiser l’Etat, conformément aux réformes constitutionnelles adoptées lors du referendum du 30 octobre. Une fois les armes tues, Alassane Ouattara a procédé, le 10 janvier, à la nomination d’un vice-président, Daniel Kablan Duncan. Ce dernier est le successeur désigné en cas de vacance du pouvoir. Avant la révision constitutionnelle, ce poste revenait au président de la Chambre des représentants.
Le Maroc se prépare à l’après-Ouattara ?
Ces changements au sommet de l’Etat n’excluent pas l’option du crépitement des armes de nouveau dans ce pays, grand allié du royaume sur le continent. La Côte d’Ivoire, puissance économique en Afrique, est pourtant dépourvue d’une armée moderne. En cause, les longues années du règne de Félix Houphouët-Boigny (1960-1993).
Le Maroc a un rôle à jouer dans la pacification de la Côte d’Ivoire. Un objectif qui passe nécessairement par une mise à l’écart des militaires des joutes politiques. A 75 ans, le président a affirmé, le 4 janvier, qu’il ne se présentera pas aux élections de 2020. Deux jours plus tard éclata la mutinerie des militaires à Bouaké.
La présence de Yassine Mansouri, le chef de la Direction générale des études et de la documentation (DGED) aux côtés de Salaheddine Mezouar à Abidjan n’est pas innocente. Ce proche du roi Mohammed VI est coutumier des missions capitales, notamment en Afrique. Pour mémoire, c’était lui le premier responsable marocain à avoir atterri à Nouakchott à la suite des coups d’Etat de 2005 et 2008.
Au lendemain de l’attaque terroriste de mars 2016 contre des touristes à la station balnéaire de Grand-Bassam, revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), le roi Mohammed VI avait envoyé le ministre de l’Intérieur et le chef de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) en Côte d’Ivoire. Lors d’une conversation téléphonique avec Alassane Ouattara, le souverain lui avait proposé l’envoi sur place d’une équipe d’enquêteurs du Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ).