La DGST avait mis en garde les renseignements allemands de la radicalisation du Tunisien Anis Amri, l’auteur présumé de l’attentat du 19 décembre perpétré dans un marché de Noël à Berlin et ayant fait 12 morts et 48 blessés. C’est ce qu'indique jeudi le site Mondeafrique, en citant des «sources dignes de confiance au sein des services de renseignement occidentaux».
Les agents d’Abdellatif Hammouchi au pays d’Angela Merkel «avaient identifié le Tunisien comme un fervent partisan de Daesh». Des conclusions ensuite adressées officiellement à leurs homologues allemands dans deux correspondances datant du 19 septembre et 11 octobre de l’année en cours, poursuit le média.
Sauf que le contrespionnage allemand n’a pas jugé utile de procéder ni à l’arrestation d’Anis Amri ni à son extradition vers son pays d’origine. Cette dernière option était possible, sachant que sa demande d’asile a été rejetée par les services de migration en juin dernier.
Des interrogations sur l’inaction des Allemands
Cette inaction des autorités allemandes suscite des interrogations alors que le Tunisien fréquentait à Dortmund un ressortissant russe et un autre de nationalité marocaine, connus pour leur extrémisme. Le premier, ajoute Mondeafrique, a été refoulé par les autorités de Berlin vers la Russie alors que le deuxième s’est vu son passeport confisqué. En revanche, le Tunisien âgé de 24 ans a été épargné.
Le ministère de l’Intérieur, Thomas de Maizière, a même annoncé jeudi qu’Anis Amri était inscrit sur la liste des personnes potentiellement dangereuses pour la sécurité de son pays.
Ce peu d’intérêt accordé par les Allemands aux informations de la DST marocaine n’est pas sans rappeler le cas de la France. Avant les attentats du 13 novembre 2015, les Marocains avaient donné des renseignements «très opérationnels» aux Français sur l’imminence d’attentats dans leur capitale. Une information révélée par le directeur du Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ), Abdelhaq Al Khayam, dans un entretien paru en janvier dernier dans Le Figaro.
Ces nouvelles révélations vont alimenter davantage la polémique en Allemagne sur l’efficacité des services de renseignements allemands. Du pain bénit pour le parti d’extrême droite AFD (Alternative pour l’Allemagne) en prévision des législatives de septembre 2017.