Les ministres et hauts fonctionnaires responsables de la santé et de l'environnement de plusieurs pays se sont réunis aujourd'hui, mardi 15 novembre, afin de s'engager à réduire les 12,6 millions de décès annuels causés par la pollution de l'environnement. Un événement chapeauté par Dr. Margaret Chan, directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et Erik Solheim, Directeur exécutif de la section Environnement des Nations Unies, et organisé conjointement par les ministères de la Santé et de l’Environnement marocains.
L’occasion également d’adopter la «Déclaration pour la santé, l'environnement et le changement climatique», dont l’objectif principal est de réduire les décès liés à la pollution par le biais d'une nouvelle initiative mondiale visant à promouvoir une meilleure gestion des risques environnementaux pour la santé et le climat.
Les mises en garde de Margaret Chan
«Il faut souligner la relation forte entre le climat, l’environnement et le changement climatique. Il faut que nous travaillons tous ensemble pour s’assurer que les autres états bénéficient de nos actions et notre soutien», a indiqué Margaret Chan, directrice générale de l’OMS lors de son intervention.
Tout en faisant un rappel de l’impact des changements climatiques sur le secteur de la santé dans plusieurs époques de l’humanité, la patronne de l’OMS a mis en garde contre «la terre qui commence à perdre sa capacité pour maintenir les êtres humains en bonne santé». Selon elle, «si les différents intervenants et secteurs concernés n’interviennent pas pour stabiliser le climat, on compromettra l’accès aux conditions fondamentales pour la survie de l’humain, qui sont notamment l’eau potable, un air propre et nourriture suffisante».
Elle s’est également félicitée de la présence de l’ensemble des acteurs à la COP22 de Marrakech après la ratification par plusieurs états de l’Accord de Paris. «Cela est un bon signe de l’optimisme mais il faut fournir encore plus d’efforts», a-t-elle dit, en mettant l’accent sur les travaux de l’OMS. «Nous avons déjà établi des processus pour faire coordonner les secteurs de la Santé et de l’Environnement dans plusieurs régions du monde, notamment en Afrique, en Amériques du nord et du sud, en Asie et en Europe. Ces mécanismes de coordination mettent en ensemble des pays faisant face à des problématiques ou challenges relatifs à la santé ou l’environnement», a précisé Margaret Chan. Et la directrice de l’OMS d’ajouter que le travail va actuellement se focaliser sur le renforcement de ces mécanismes à un niveau mondial.
«Vous venez de nous donner une autre mission qui consistera à fournir une coalition, avec les Nations unies afin de supporter et soutenir les ministères de la santé et de l’environnement pour s’assurer que nous implémentons tous l’Accord de Paris», s’est-elle adressée aux responsables et ministres présents de la salle. «Nous n’avons plus le temps et nous devons passer immédiatement à l’action», a-t-elle conclu sa déclaration.
La déclaration ministérielle, un appel pour la formation d’une alliance mondiale
De son côté, la déclaration ministérielle sur la santé, l’environnement et les changements climatiques, préparée par l’OMS, la direction marocaine de la COP22 ainsi que les ministères de la Santé et de l’Environnement marocains rappellent qu’«un quart de la charge de morbidité mondiale et environs 12,6 millions de décès chaque année sont imputables à des facteurs environnementaux modifiables». «Nous reconnaissons également que les changements mondiaux, environnementaux et sociaux, notamment les changements climatiques expliquent une part importante de ces risques, et ont un impact direct sur la santé humaine», poursuit la déclaration.
Le texte de la déclaration indique également que les ministres et représentants de haut-niveau reconnaissent qu’une importante occasion d’agir leur est offerte. «Il faut une approche plus intégrée et intersectorielle pour améliorer la santé, réduire les inégalités, promouvoir une production et une consommation durable et protéger l’environnement», reconnaissent-ils aussi dans la déclaration.
«Nous, ministres et représentants de haut-niveau, notons qu’il n’existe actuellement aucune alliance mondiale de haut-niveau qui traite l’ensemble complet des liens qui unissent la santé, l’environnement et les changements climatiques», indique la même source, tout en saluant les efforts, notamment de la CCNUCC et du gouvernement du Maroc pour lancer une initiative mondiale sur la santé, l’environnement et les changements climatiques. Une initiative en vue de «favoriser une meilleure gestion des risques environnementaux et climatiques pesant sur la santé et promouvoir un développement sobre en carbone, résilient aux changements climatiques, durable et inclusif». Le but étant de «garantir la bonne santé et le bien-être».
«Nous appelons l’OMS, le PNUE (programme des Nations unies pour l’environnement, ndlr), l’OMM (organisation météorologique mondiale, ndlr) et le secrétariat de la CCNUCC à œuvrer avec les pays (…) à recenser et recommander les mécanismes les plus efficaces pour atteindre ce but», conclut la déclaration.
Dans une déclaration à la presse, Hakima El Haite, ministre de l'Environnement a estimé que «cette déclaration historique permet de dégager un consensus pour mieux articuler nos efforts pour trouver une solution aux principaux problèmes sanitaires, environnementaux et climatiques. Ensemble, nous nous engageons à faire en sorte que les gens - leurs moyens de subsistance, leur bien-être et surtout leur santé - soient au centre de la réponse aux changements climatiques».
De son côté, El Houssaine Louardi, ministre de la Santé, a rappelé dans une allocution lue en son nom que «la plupart des risques pour la santé liés aux changements climatiques sont évitables». «En établissant cette initiative, nous pouvons travailler ensemble pour renforcer les systèmes de santé, investir dans la prévention des maladies. Cela permettra de sauver des vies maintenant et nous protéger contre l'escalade des risques climatiques», a estimé le ministre.