Ses parents, originaires de Bhalil, petite bourgade du moyen Atlas, arrivent en France dans les années 1970. C’est dans la ville de Pierrelatte, dans le sud-est de la France, qu’Ouadih Dada voit le jour, le 8 février 1981. Il profite d’une «enfance heureuse» auprès de ses parents. Les études tiennent une place importante dans sa jeunesse. «Il fallait faire plaisir à maman qui n’avait jamais eu la chance d’aller à l’école», explique-t-il.
Cette enfance, passée au sein des classes populaires, a la particularité d’avoir été épargnée par les problèmes identitaires, d’intégration ou de racisme, qu’aurait pu lui occasionner sa double culture. Loin de lui nuire, elle a «surtout été perçue comme une richesse et une chance du point de vue de mes camarades ‘français’», se rappelle Ouadih Dada.
A Avignon, non loin de sa ville natale, il fait ses études secondaires et supérieures. Il y obtient une Maîtrise de droit, en 2003. Il débute en journalisme dans les colonnes de l’édition locale du quotidien La Provence. Par ailleurs, Ouadih Dada décroche, en 2004, un Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) en droit public, à Montpellier, puis un Master en journalisme, à Grenoble, en 2006. A 25 ans, il postule et obtient un stage à 2M. A ses débuts à la télévision, il s’inspire des grands noms de la télévision française tels que Patrick Poivre D’Arvor (PPDA) ou encore Bruno Masure.
Le Maroc, son grand pari
Pour sa première expérience au Maroc, il ne soupçonne certainement pas la tournure très favorable que vont rapidement prendre les évènements. Au bout de 5 mois de stage, il reçoit une proposition de Samira Sitail, directrice de l’information à 2M, qui lui propose de faire des essais pour le journal télévisé. Ils s’avèrent concluants puisque sa formule fétiche «même heure, même endroit» conclue régulièrement le 20h 45, depuis septembre 2006. Pour la petite histoire, cette accroche - qu’il s’est aujourd’hui appropriée au point qu’elle devienne son surnom - lui a été inspirée par Elise Lucet, présentatrice du 13h sur la chaîne France 2. Elle a en effet pour habitude de conclure sa présentation par : «nous on se retrouve demain, même heure».
Quand Ouadih débarque sur 2M, lui qui avait côtoyé jusqu’alors le Maroc seulement durant les vacances d’été, doit désormais se faire à l’idée d’y vivre sur le long terme. «Pas une souffrance, un défi. Cela a pris du temps pour comprendre et appréhender», raconte le jeune homme. Pour ses parents la séparation est un peu plus difficile. Son père, décédé en 2008, est inquiet mais l’encourage. «Ma mère a, encore aujourd’hui, du mal à s’y faire», confie-t-il.
Ascension réussie
Au Maroc, sa carrière connaît, en 5 ans, une ascension fulgurante. Après ses grands débuts dans le JT sur 2M, il présente, depuis octobre 2009, le magazine économique mensuel Eclairages. Parallèlement, il est chef de la rubrique économique et responsable éditorial d’Econews, le journal économique de 2M.
Pour l’ancien MRE qu’il est, une telle ascension n’est pas commune. Elle s’explique, notamment, par sa très bonne intégration, dès le début, à l’équipe de 2M. C’est en soit un point positif et remarquable quand on sait les tensions internes qu’a connues la chaîne par le passé. Des clans s’étaient littéralement formés contre son mentor, Samira Sitaïl. Ouadih Dada a été d’autant mieux accueilli «que plusieurs cadres et responsables ont connu le même parcours, à commencer par Samira Sitail, mais aussi Chaïb Hammadi, Réda Benjelloun ou encore Khalid Moustafaoui». Il reconnaît également avoir été aidé par sa bonne maîtrise de la darija.
Ouadih ne semble pas non plus avoir eu trop de difficultés à s’adapter à la culture journalistique marocaine bien qu’il ait fait ses armes en France où les médias sont réputés plus libres. Il déclare à ce propos : «je me suis rendu compte que nous avions une énorme marge de manœuvre et beaucoup de liberté. Les limites les plus handicapantes (...) c’est surtout celles que se fixent ceux qui se plaignent.»
Bien rodé à la machine médiatique marocaine, après 5 ans à 2M, l’homme a énormément acquis en termes d’expérience mais il sait qu’il lui reste encore beaucoup de défis à relever. Il envisage aussi une carrière dans la production, mais ce ne sera vraisemblablement pas à la télévision. Ouadih pense se tourner vers la production de programmes pour le web et la radio. Pour lui, ce sont des secteurs où il y a une grosse demande, mais sur lesquels il manque des programmes innovants et de qualité. Pour l’heure, l’homme est «très bien à 2M». On devrait donc le retrouver à la même heure au même endroit pendant quelques temps encore.
Article précédemmant publié dans le numéro 4 de Yabiladi Mag (février 2011), page 50.