En 2008, le CFCM, la plus haute instance représentative des adeptes de la deuxième religion de l’Hexagone, avait élu ses délégués sans la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris (FNGMP). Cette année, une autre de ses plus importantes fédérations, l’UOIF, indique qu’elle claque à son tour la porte. Elle ne participera pas aux élections prévues du 5 au 19 du mois de juin prochain. A défaut de revenir sur sa décision rendue publique dans un communiqué le 16 février dernier.
Réforme en profondeur
L’UOIF dit exiger une «réforme profonde» du CFCM en «termes structurels». Autrement dit, des réformes de la manière dont sont élus les différents délégués ainsi que du fonctionnement de l’institution suprême des musulmans de France. Mais plus généralement, l’UOIF croit également que l’unité des musulmans en France est «plus que jamais menacée». «L’installation de plus en plus visible d’un état de division dans l’espace cultuel musulman et au sein des mosquées» en serait la cause. Et par conséquent, l'UOIF craint de «voir le prochain processus électoral affaiblir davantage le CFCM».
Elle n’est d’ailleurs pas la seule fédération représentative qui risque de bouder les élections de juin. Comme elle l’avait fait en 2008, la Fédération de la Grande Mosquée de Paris risque de récidiver en 2011 en boycottant le scrutin du CFCM. A moins que son président, Dalil Boubakeur, qui exige d’obtenir la présidence de 7 ou 8 régions dans la foulée des élections, n’obtienne gain de cause. Il est fait état de tractations entre sa fédération (la FNGMP) et le Rassemblement des Musulmans de France (constitué essentiellement de Marocains et détenant une douzaine de régions) et dont la vice-présidence est assurée par celui qui dirige actuellement le CFCM, Mohammed Moussaoui.
Les réponses de Moussaoui
Ce dernier fait par ailleurs savoir que des réformes électorales, l’une des exigences de l’UOIF, sont bien en chantier. Même si «l’esprit de l’actuel système ne sera pas modifié», précise-t-il à Saphirnews, «la part des désignés par les fédérations est renforcée». Moussaoui ajoute également que «ce choix unanimement partagé a été motivé, également, par la difficulté de dégager d’autres critères de substitution ou de complément significatifs au critère dit du 'mètre carré'».
Ce critère «du mètre carré» constitue en effet une véritable pomme de discorde. Il consiste à attribuer un nombre d’élus au sein des CFCM et de ses instances régionales (CRCM) en fonction de la superficie des lieux de culte des différentes fédérations représentatives. Par exemple, une fédération disposant d’une mosquée de 100 m² a droit à un seul délégué. Celle dont la mosquée est de 700 m² a droit à huit délégués. Critère pas totalement injuste car il met l’accent sur le nombre de musulmans représentés par chaque fédération. Mais il était loin de faire l’unanimité car les résultats des élections étaient connus d’avance.
Le président du CFCM indique également que d’autres réformes devraient être adoptées. Parmi elles, l’augmentation de 3 à 4 ans du mandat du CFCM ainsi que le renforcement des liens entre l’instance nationale et ses représentations régionales. Reste à savoir si ces mesures annoncées parviendront à faire revenir l’UOIF dans la course.