Nouvel épisode dans les mésaventures des Marocains résidant à l’étranger (MRE) avec le transporteur italien Grandi Navi Veloci (GNV). Après l’annulation d’un ferry GNV à destination de Nador à la veille de l’Aïd en juillet dernier, celui en provenance de Tanger et à destination de Barcelone puis Sète a accusé lundi et mardi un sérieux retard.
Abdelilah Haddoud, un MRE à bord de la navette que nous avons joint par téléphone lundi soir nous confirme la situation. «Nous avons quitté Tanger samedi à 16 heures (au lieu de 14 heures) et sommes arrivés à Barcelone dimanche à 1 heure du matin. Le ferry a quitté le port à 7 heures. Or nous sommes lundi, 19 heures, et toujours dans les eaux territoriales espagnoles. Sète est encore loin…»
Concernant les raisons de ce énième retard, le personnel à bord est resté flou d’après notre interlocuteur. «Nous avons demandé pourquoi nous étions bloqués en pleine mer. Ils nous ont d’abord expliqué qu’il fallait remettre du gasoil, ensuite qu’il fallait changer l’eau potable. Nous savons que ces opérations prennent 4 heures maximum.»
Bloqués pendant «56 heures» à bord du ferry
Un problème technique serait à l’origine du retard, selon la dernière information parvenue aux voyageurs. Un «mensonge», estiment-ils, pointant également du doigt une «humiliation», un «mauvais comportement de la part du personnel» et l’«absence de climatisation».
«Les cuisines coupées, ni à manger ni à boire. [L’agent de] sécurité qui lève la main et violente une femme. On était pire que des chiens», indique pour sa part Sonia, une MRE d’Italie, elle aussi sur le ferry reliant la ville du Détroit à Sète.
@yabiladi_maroc les cuisines coupé, ni à manger ni à boire. La sécurité qui leve la main et violente une femme. On etait pire que des chiens
— So (@Sonia_Madoni) 30 août 2016
Adil, un autre MRE à bord du même bateau, indique sur son compte Twitter que les voyageurs ont dû passer 56 heures à bord du ferry. «Des familles avec enfants et nourrissons dormant à même le sol dans les couloirs du bateau», indique-t-il, annonçant que les voyageurs «réclament des dédommagements pour ce voyage infernal».
@yabiladi_maroc 1/1 Des voyageurs bloqués 56h dans 1 bateau de la Cie #GNV familles à même le sol, sanitaires HS pic.twitter.com/HaGxtInnt3
— Adil.C (@AdilCEO) 29 août 2016
Un «calvaire presque annuel»
«Ces conditions inhumaines, nous n’en voulons plus. On a beau à dire que le Maroc prend soin de ses MRE à l’étranger à la télévision... Maintenant, dans la pratique, on se rend compte que ce n’est que de la pub», s’indigne Abdelilah Haddoud, qui ne manque pas de souligner l’état «déplorable» du ferry assurant la ligne Tanger-Sète. Le ferry de GNV est finalement arrivé à Sète lundi à 22h50.
Last tweet: Sortie du bateau, attestation de retard de #GNV pour faire valoir ce que de droit @yabiladi_maroc MERCI! pic.twitter.com/DnsbPL46Kj
— Adil.C (@AdilCEO) 29 août 2016
Contacté par notre rédaction, la chargée de communication et relations presse de GNV est restée injoignable ce lundi. Nos questions envoyées par mail demeurent toujours sans réponse.
Houcine Karbal, président de l’Association franco-marocaine d’Europe, ne manque pas de dénoncer le «calvaire presque annuel» qu’endurent les MRE avec ce transporteur. «Ils sont bloqués depuis plusieurs heures. Ce transporteur maltraite nos MRE», ajoute-t-il.
La compagnie maritime GNV dispose pour l’instant du monopole sur cette ligne, depuis la faillite de son homologue marocaine Comarit. Les MRE disent attendre avec impatience l’arrivée de la société marocaine Africa Morocco Links (AML). Cette dernière, fondée par la BMCE Bank (51 % du capital) et le groupe grec Attica, prévoit des liaisons maritimes entre les ports de Tanger et Sète ainsi que les ports de Tanger et Gênes.
AML réussira-t-elle là où GNV semble avoir échoué ? La concurrence poussera sans doute le transporteur italien à accorder plus d’attention aux conditions de voyage et aux retards des ferrys…