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Grand Angle

France : Les membres du gouvernement en ordre dispersé sur les arrêtés anti-burkini

Les divisions du Parti socialiste sur la tournure que prend la récente actualité autour de la verbalisation d'une femme sur la plage de Nice sont bien connues. Et le gouvernement n’y fait pas exception. Après l’échange verbal par médias interposés hier de la ministre de l’Education nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche Najat Vallaud-Belkacem et le Premier ministre Manuel Valls, c’est au tour de la ministre des Affaires sociales et la Santé, Marisol Touraine de prendre position. Et elle rejoint le camp des ministres opposés aux arrêtés anti-burkini et qui l'assument.

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Le Premier ministre Manuel Valls, la ministre des Affaires sociales et la Santé Marisol Touraine et la ministre de l'Éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche Najat Vallaud-Belkacem. / Ph. Jacques Demarthon/AFP
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«Faire comme si, en se baignant voilée ou en restant habillée sur une plage, on menaçait en soi l’ordre public et les valeurs de la République, c’est oublier que ces valeurs doivent précisément permettre à chacun de ne pas renier son identité». C’est l’avis de la ministre des Affaires sociales et la Santé Marisol Touraine exposé dans une tribune publiée sur son blog jeudi soir, à propos les arrêtés anti-burkini pris dans une trentaine de communes en France.

«La laïcité n’est pas le refus de la religion»

La ministre rappelle que la laïcité «n’est pas le refus de la religion», mais plutôt «une garantie de liberté individuelle et collective». «Elle ne peut pas et ne doit pas devenir le fer de lance d’une stigmatisation dangereuse pour la cohésion de notre pays», insiste-t-elle qualifiant le débat autour du burkini de «polémique de tous les dangers».

Marisol Touraine confie qu’elle s’est interrogée sur la nécessité ou non de prendre ouvertement position sur la question. «Mais aujourd’hui, se taire, c’est laisser croire qu’il n’y a pas d’autre chemin possible que celui des arrêtés d’interdiction qui ont été pris», estime-t-elle. Un point de vue qu’elle n’a pas hésité à partager sur Twitter où, rappelons, la quasi-totalité des membres du gouvernement parlent de tout sauf de la polémique nationale autour du burkini.

La réaction de la ministre des Affaires sociales intervient ainsi après l’échange verbal par médias interposés, hier jeudi, du premier ministre Manuel Valls et de la ministre de l'Éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, Najat Vallaud-Belkacem.

«Un problème de liberté individuelle», selon Najat Vallaud-Belkacem

Invitée sur Europe 1, après le soutien affiché de M. Valls aux arrêtés anti-burkini le 17 août dernier et l’approbation mesurée du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, la ministre de l'Éducation a estimé que la «prolifération» de ces arrêtés n’est «pas la bienvenue». La raison ? «Cela pose un problème de liberté individuelle», a-t-elle déclaré avant de s’interroger : «Jusqu’où va-t-on pour vérifier qu’une tenue est conforme aux bonnes mœurs ?»


Najat Vallaud-Belkacem : "La prolifération des... par Europe1fr

Pour la ministre, cette «instrumentalisation politique» est «grave» en cette période post-attentats. Dénonçant des arrêtés «qui libèrent la parole raciste», Mme Vallaud-Belkacem persiste et signe : «Rien n’établit de lien entre le terrorisme, Daech et la tenue d’une femme sur une plage». Au lieu d'«exclure», elle recommande plutôt de «conquérir les cœurs».

La réplique de Manuel Valls

De passage juste après sur BFM TV et RMC, le chef du gouvernement est revenu à la charge, contredisant sa ministre de l’Education. «Ces arrêtés ne sont pas une dérive. C’est une mauvaise interprétation des choses. Ces arrêtés ont été pris au nom même de l’ordre public», a-t-il affirmé.

«Libération de la parole racite, dérive politique grave»

Quelques temps après la sortie médiatique du Premier ministre, Najat Vallaud-Belkacem a réitéré ses propos sur Twitter.

L'opposition se frotte les mains

Le Parti socialiste a démontré son désaccord autour de la question du burkini depuis mercredi, après la scène choquante de Nice où une femme a été contrainte de retirer sa tunique alors qu’elle n’était pas en burkini. Ce jeudi après-midi, le Conseil d'Etat, après saisine de la Ligue des droits de l'homme (LDH), tranchera. Mais en attendant, la fracture au sein du gouvernement est déjà critiquée par l'opposition. Sur Twitter, c'est Jonathan Houillot, référent des Jeunes Républicains qui s'est fendu d'un commentaire.

Article modifié le 2016/08/26 à 11h52

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