Deux avocats commis d'office ont présenté les trois Marocains impliqués dans les affrontements qui ont eu lieu samedi dernier en Haute-Corse, lors de l’audience du jeudi. Une information qui relance le débat sur l’assistance et le soutien juridique censés être fournis par les représentations diplomatiques du Royaume à l’étranger.
Pour aborder cette question et connaître les dispositifs mis en place par le Maroc, nous nous sommes adressés à plusieurs responsables qui ont esquivé nos questions ou qui ont préféré ne pas y répondre.
Jeudi, nous avons contacté le consul général du Maroc à Bastia pour avoir plus d’information sur l’audience et comprendre pourquoi son consulat n’a pas mobilisé un avocat pour présenter les trois Marocains comme cela est prévu dans le cadre de l'assistance juridique. Ce dernier a d’abord tenu à se défendre face aux réactions des médias locaux corses, tout en promettant de revenir vers notre rédaction après consultation avec le ministère des Affaires étrangères.
Les officiels marocains et la politique du «numéro injoignable»
Pour gagner du temps, nous avons donc contacté Salaheddine Mezouar, ministre des Affaires étrangères et de la coopération, puis Nasser Bourita, ministre délégué auprès de ce département, qui sont malheureusement restés injoignables.
Contacté le jour même, Mustapha El Khalfi, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement nous a invité de patienter le temps qu’il «consulte » le département chargé des MRE et des affaires de la migration, sans apporter par la suite de réponses à nos questions.
Pour sa part, le chargé de communication du ministère chargé des MRE et des affaires de la migration, Imad Choukairi nous a demandé d’envoyer nos questions par mail, en affirmant que la réponse ne tardera pas. Contacté à plusieurs reprises jeudi puis vendredi, il est resté injoignable, tout comme le consul à Bastia Said El Jazouani.
Assistance juridique inextistante ?
Mais alors que d’autres pays défendent leurs ressortissants à l’étranger, l’absence de réaction de la part des autorités marocaines suscite plusieurs questions relatives au soutien juridique et psychologique que le royaume est censé proposé à ses citoyens confrontés à des difficultés dans des pays étrangers.
Pour ne pas aller très loin, on peut citer l’affaire «Air cocaïne» qui remonte à mars 2013 et dans laquelle des ressortissants français ont été condamnés pour trafic de drogue en République dominicaine. La France, par la voix de Laurent Fabius, à l'époque ministre des Affaires étrangères, et de deux sénateurs des Français à l'étranger avait écrit à la République dominicaine et mobilisé l'ambassade française. Les autorités françaises avaient alors affirmé qu'elles défendront «partout les droits et ses concitoyens», tout en leur apportant le soutien juridique nécessaire.