Les opposants du Maroc sont déterminés à compliquer le retour du royaume au sein de l’Union africaine (UA). Comment ? En tirant profit de leur présence majoritaire dans le tour de table du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA ; autre carte dont ils disposent en plus de la présidence de la Commission de l’Union et du Parlement panafricain.
Le Conseil a ainsi posé des conditions, puisées dans la charte de l’UA adoptée en 2000, auxquelles le royaume est tenu de se conformer avant de rejoindre l’organisation panafricaine. Dans un communiqué, ses membres ont rappelé «l'importance pour tout Etat désireux d'adhérer à l'Acte constitutif, et d'être admis en tant que membre de l'Union, de satisfaire à toutes exigences stipulées dans l'Acte, notamment les articles 27 et 29 (1) et (2), ainsi que les dispositions fondamentales contenues dans l'article 9 (c)».
Des bâtons dans les roues du Maroc
Dans le détail, l’alinéa 1 de l’article 27 stipule que la charte «est ouverte à la signature et à la ratification des Etats membres de l’OUA, conformément à leurs procédures constitutionnelles respectives». Ce qui pourrait être interprété comme une mise à l’écart du Maroc qui s’est retiré de l’Organisation de l’Union africaine (OUA) en 1984. Les autres articles cités dans le passage mentionné plus haut n’ont pas une portée politique.
Les Quinze membres du CPS réaffirment également la «nécessité pour l'Etat concerné de s'engager à honorer et à respecter pleinement les principes de l'Union tels que définis dans l'article 4 de l'Acte constitutif». Ledit article 4 est composé de 16 alinéas ; deux seulement concernent particulièrement le cas du Maroc. Le premier appelle à l’«égalité souveraine et l’interdépendance de tous les Etats membres de l’Union» et le second exige le «respect des frontières existant au moment de l’accession à l’indépendance».
Au regard de la composition de ses membres, notamment l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Nigéria, l’Ouganda, le Tchad, le Niger, le Rwanda et le Kenya, la position du CPS ne devrait guère surprendre. Et pour cause, ces pays reconnaissent la «RASD» ou ont refusé de signer la motion des 28 Etats réclamant la suspension de la république auto-proclamé en 1976 lors du sommet du Kigali.
Une candidature de Lamamra à la présidence de la commission de l’UA ?
Au début l’année, le nom du ministre algérien des Affaires étrangères avait abondamment circulé pour la succession de la Sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma à la tête de la Commission de l'UA. Celle-ci nourrit des ambitions présidentielles dans son propre pays alors que la popularité de son ex-mari, Jacob Zuma, est en berne, en témoigne la perte de vitesse de l’ANC (African national congress) lors des récentes communales.
En avril, l’Algérie avait pourtant annoncé que son chef de la diplomatie ne se présentera pas à la présidence de la commission africaine. Quatre mois plus tard, voilà que des informations placent de nouveau Ramtane Lamamra dans la course. Officiellement, aucune demande n’a encore été déposée par Alger. La demande d’adhésion du Maroc à l’UA ne doit pas être étrangère à ce revirement.
La perspective de voir le Sénégalais Abdoulaye Bathily, pro-Maroc, prendre les rênes de la commission a sans doute amené le voisin de l’Est à réviser sa position. L’ancien président tanzanien Jakaya Kikwete et le Rwandais David Kaberuka, ex-présent de la Banque africaine de développement (BAD), sont également dans les starting-blocks. Le verdict sera connu lors du prochain sommet de l’UA, les 30 et 31 janvier 2017 à Addis-Abeba.