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Grand Angle

Le Maroc a-t-il lâché le mouvement autonomiste kabyle ?

Les services du ministère des Affaires étrangères ont refusé d’accorder un visa d’entrée au Maroc au président du gouvernement provisoire kabyle en exil, le chanteur Ferhat Mehenni. Ce dernier était invité à prendre part à une conférence organisée en marge du festival musical Timitar.

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Ferhat Mehenni / Archive - DR
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Est-ce la fin de la lune de miel entre les amazighs indépendantistes kabyles et les autorités marocaines ? Rabat a ordonné à ses services consulaires en France de refuser d’accorder un visa d’entrée au président du gouvernement provisoire kabyle en exil (Anavad), le chanteur Ferhat Mehenni.

Celui-ci était invité par les organisateurs du festival Timitar, qui s’est tenu du 13 au 16 juin à Agadir, pour prendre part à une conférence organisée en marge du festival musical. Son intervention est intitulée «Kabylie : des revendications identitaires et culturelles au droit à l'autodétermination».

Difficile de ne pas faire le lien entre cette décision du Maroc et l’arrivée dans la capitale algérienne, le vendredi 15 juillet, du ministre délégué aux Affaires étrangères, Nacer Bourita, et du chef de la DGED, Yassine Mansouri. Les deux émissaires étaient porteur d’un message du roi Mohammed VI au président Abdelaziz Bouteflika.

Rupture ou aléa conjoncturel ?

Cette volte-face de Rabat a de quoi étonner. D’autant que par le passé, Mehenni avait été traité avec égards lors de ses multiples visites au royaume. Mieux, la diplomatie marocaine s’était fait l’avocate, depuis la tribune des Nations Unies, des revendications autonomistes des kabyles et ce à deux reprises.

Pour mémoire, à l’occasion de la commémoration, en octobre dernier, du 70ème anniversaire de la création de l’ONU, un membre de la représentation du royaume à New York avait déclaré que le peuple kabyle «fort de huit millions de personnes» et «vieux de 9 mille ans» a droit à l’ «autonomie» et à «la reconnaissance de son identité culturelle et linguistique», conformément aux chapitres 1, 2, 3 et 4 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (adoptée le 13 septembre 2007 par l’Assemblée générale, ndlr).

Cette décision des autorités marocaines est-elle le signe d’une rupture avec la politique de soutien des revendications des amazighs en Algérie ou juste liée à une conjoncture politique bien particulière se rapportant à la demande du royaume de réintégrer l’Union africaine et au besoin de Rabat de neutraliser l’opposition d’Alger pour ce retour ?

La réaction modérée d’un média proche du gouvernement provisoire kabyle en exil tend à privilégier la deuxième option. Commentant la nouvelle du refus d’accorder le visa à Ferhat Mehenni, le support en ligne s’en est violemment pris à Abdelilah Benkirane, présenté comme le seul responsable de la décision des services consulaires du royaume en France.

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