Alors, qui sont ces Trabelsi marocains? Où sont-ils nichés et à quelle famille appartiennent-ils? A l’instar des Trabelsi de la Tunisie, leurs pouvoirs sont-ils concentrés au palais? La réponse de Hadj Miloud Chaâbi, qui n’a pas sa langue dans sa poche, ne tarde pas à tomber : «ce sont ceux qui s’offrent terrains et fonciers à des prix symboliques».
Addoha en ligne de mire
«Une poignée de gens [monopolisent] les affaires économiques dans le pays», ajoute le grand rival de Anas Sefrioui, propriétaire du groupe Addoha, numéro un dans l’immobilier au Maroc et première fortune du Royaume. On comprend alors aisément qui est, aux yeux de Hajd Miloud, le premier des Trabelsi marocains. «Ces milliardaires nés du jour au lendemain et qui bénéficient de rentes publiques», assène encore l’ex-président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers. Convaincu que «c’est contre eux que les révoltes ont éclaté, notamment en Tunisie».
Pas de contagion au Maroc
Faudrait-il s’attendre, alors, à la même explosion de colère au Maroc? Sur ce point, Hadj est moins va-t-en-guerre. Pour le vieil homme dont le groupe est présent dans pas moins de 16 pays, le Maroc «ce n’est pas la même chose» que la Tunisie et l’Egypte - où son groupe est également présent et a été épargné lors des saccages liés aux émeutes. Dans le Royaume, la monarchie constitue le ciment de la nation, laisse-t-il comprendre: «la monarchie règne au Maroc depuis 1 200 ans et est fédératrice de tous les Marocains».
Hadj Miloud est certes connu pour sa virulence envers ses concurrents, dont le plus puissant est Anas Sefrioui. Il lui a toujours reproché de bénéficier d’avantages fonciers et de facilités administratives que les autres opérateurs peinent à obtenir. Cette nouvelle sortie contre ses rivaux n’est donc pas une première. Elle arrive toutefois dans un contexte où beaucoup de voix commencent à s’élever au Maroc pour appeler à des réformes afin d’éviter au Royaume de connaître la même poussée de colère que ses voisins maghrébins et arabes.