A l’heure où le projet de loi sur l'accès à l’information peine à voir le jour, une petite formation marocaine réclame la déclassification des documents couvrant la période du protectorat français et espagnol et les dix premières années de l’indépendance.
Le Parti libéral marocain, auteur de la requête, croit qu’une telle mesure permettra aux Marocains de connaître réellement leur histoire. «Les documents relatifs à cette période doivent être déclassifiés et ouverts aux chercheurs, historiens, associations et citoyens», indique le PLM dans un communiqué parvenu à notre rédaction.
Le PLM croit que l’opération de la levée de secret révélerait au grand public le rôle exact joué en son temps par des forces qui «s’accaparent les victoires de tout un peuple et rejettent les échecs de leurs actions sur d’autres». Et d’ajouter que ces forces «cachent la vérité aux citoyens pour maintenir un semblant de légitimité. Cette vision de la société va à l’encontre des principes qui régissent la méritocratie».
Silence des acteurs politiques
Le parti dirigé, depuis sa création en mars 2002, par Mohamed Ziane -un ancien ministre des droits de l’Homme sous les gouvernements Filali II et III- a invité les autorités marocaines à suivre les traces de la France et des Etats-Unis. La première avait déclassifié en 2015 des documents sur le génocide du Rwanda de 1994 alors que les seconds avaient révélé au grand public des messages et des notes du chef d’Al Qaida, le Saoudien Oussama Ben Laden. Néanmoins, les deux pays gardent encore sous le sceau du secret d’Etat les archives concernant l’affaire Mehdi Ben Barka.
Plusieurs obstacles empêchent en effet les Marocains de connaître l’histoire couvrant les années du protectorat. Les partis dits «nationalistes» n’ont jamais inscrit la connaissance de ce qui s’est passé réellement dans leurs agendas. Un accord tacite est établi entre les différents acteurs politiques de l’époque pour laisser cette période à l’abri des regards des chercheurs. Seules quelques initiatives personnelles ont pu briser ce silence et lever le voile sur quelques faits historiques se rapportant à cette période mais avec un impact limité.