En janvier 2015, Nicolas Sarkozy grimaçait au micro de RTL alors qu’une auditrice évoquait sa conversion à l’islam – oubliant par là même que "la radio, c’est filmé", comme l'a fait remarqué Yann Barthès dans le Petit Journal. Banale illustration des coulisses de l’opération séduction de l'électorat du Front National, initiée par l’ancien chef de l’Etat pendant sa campagne présidentielle de 2007.
A l’inventaire des amalgames entre politique migratoire, délinquance, extrémisme et islam maintes fois employés par le président du parti Les Républicains (LR), s’ajoute donc un nouveau "couac". Mercredi soir lors d'un meeting à Saint-André-lez-Lille (Nord), Nicolas Sarkozy a en effet fustigé un "islam militant qui se présente à nous comme un bloc et qui impose à ses fidèles des règles de vie contraignantes". Rebelote ce jeudi matin sur Europe 1, où l’ancien président a également estimé qu'"il y a un risque d'affrontement si la République ne reprend pas les choses en mains et ne fait pas respecter les règles communes à tout le monde."
"M. Sarkozy va plus loin que le Front national au prétexte de le combattre, il semble là pour attiser le feu", a réagi auprès de l'AFP Abdallah Zekri, président de l'Observatoire national contre l'islamophobie au CFCM. Et de s'étonner de la volonté de Nicolas Sarkozy de fixer "urgemment les règles d'un nouvel islam de France" : "Les règles de l'islam en France - il n'y a pas d'islam de France - sont déjà fixées, il oublie que c'est même lui qui les a fixées", en référence à la création en 2003 du Conseil français du culte musulman par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur.