Trois semaines après le vote par les Quinze de la résolution 2285 sur le Sahara occidental, le Maroc et l’Algérie mobilisent leurs soutiens. Le choix des frères ennemis porte sur trois des cinq membres permanents au Conseil de sécurité. Ainsi le n°2 de la diplomatie algérienne s’est entretenu, en marge de la réunion de Viennes du lundi 16 mai, avec la n°3 du Département d’Etat des Etats-Unis.
Officiellement, les discussions entre Abdelkader Messahel et Anne Patterson ont uniquement porté sur la question libyenne. Une version cousue de fil blanc alors que la rencontre de la capitale autrichienne était essentiellement dédiée à ce sujet. Hier le même Messahel a reçu le conseiller de la sécurité nationale britannique, Mark Lyall Grant. Encore une fois, la Libye est présentée comme le principal sujet au menu des entretiens entre les deux responsables.
Mezouar à Paris
«Ces rendez-vous sont probablement liés à la nouvelle campagne de Ban Ki-moon exigeant le retour des agents de la Minurso expulsés par le Maroc en mars», avance une source que Yabiladi a contactée. Le secrétaire général des Nations Unies ne compte pas baisser les bras et attendre un geste de la part du royaume. Il aurait commencé des consultations avec les membres permanents du Conseil de sécurité. Washington aurait, selon la même source, exprimé sa compréhension et son appui à la démarche du Sud-coréen.
Face à ces développements, le Maroc se devait de répliquer. C’est dans ce cadre que s’inscrit le déplacement du ministre des Affaires étrangères, le mercredi 18 mai, à Paris. Les entretiens entre Salaheddine Mezouar et Jean Marc Ayrault ont porté sur la question du Sahara. A cette occasion, le chef de la diplomatie marocaine a salué la position «cohérente»de la France «concernant le conflit artificiel autour du Sahara marocain, faisant savoir que l'entretien a été l'occasion d'évoquer le processus onusien et les perspectives par rapport à la dernière résolution du Conseil de sécurité de l'ONU», indique un communiqué des Affaires étrangères.
Il faut s’attendre, dans les semaines à venir, à d’importantes campagnes diplomatiques du Maroc et de l’Algérie. Les deux rivaux vont sans doute tenter de mobiliser leurs alliés au Conseil de sécurité sur les conditions du retour des éléments des composantes civiles et politiques de la Minurso expulsés par le Maroc. Dans cette bataille, Rabat pourra compte sur la France et l’Espagne en plus du Sénégal et de l’Egypte. De son côté, Alger mise principalement sur les Etats-Unis et le Royaume-Uni.