Le coup est dur pour l’Association des victimes de la spoliation (AVS). Le président, Mohamed Moutazakki au cœur de nouveaux démêlés judiciaires. Il a été incarcéré en fin de semaine dernière suite à la plainte de trois juges de la Cour d’appel de Casablanca déposées le 19 février dernier pour «diffamation».
Rappelons que Moutazakki était déjà en détention depuis lundi dernier, suite à une plainte déposée contre lui pour «coups et blessures». Les membres de l’AVS et des associations sympathisantes s’étaient mobilisées devant le tribunal de première instance mercredi dernier réclamant sa libération et dénonçant «un complot de la mafia immobilière».
Il a reconnu ses propos devant la PJ
Dans la présente plainte, les trois jugent reprochent à Moutazakki les propos qu’il a tenus dans des vidéos dans lesquelles il dénonçait la spoliation immobilière. «Il disait que ces juges sont corrompus. Les vidéos ont été publiées sur internet», explique à Yabiladi son avocat Me Lanbouri Naoufal. «Il a été auditionné par la Police judiciaire et a reconnu que c’était ses déclarations», a-t-il ajouté.
Dans l’entourage du président de l’AVS, on continue de dénoncer une «manigance». «Quand on l’a d’abord arrêté, on nous a parlé d’une histoire de chèque émis à l’époque où il dirigeait sa société [alors distributrice au Maroc de la marque de café italienne Lavazza, ndlr] dont il a été spolié. Après c’était pour coups et blessures suite à une bagarre contre le fils de Him. Au moment où il est sur le point de sortir, on évoque des plaintes émises par des juges», récapitule Abou Sofiane de l’association Soleil d’enfant. «Il a pourtant émis une série de plaintes contre Jabbir qui n’ont jamais abouties», ajoute-t-il.
«C’était prévisible»
Cependant, Me Leghlimi Messaoud qui a défendu Mohamed Moutazakki dans l’affaire liée à la spoliation de sa société admet quelques écarts de la part de son ancien client. «II a fait des erreurs. Il a insulté les juges dans tous les appels au roi qu’il a fait. Il nommait les juges et les traitait de faussaires, de corrompus de malfrats …», argue-t-il. Et cet avocat au barreau de Casablanca n’est pas surpris de ce qui arrive aujourd’hui au militant associatif. «Je n’ai jamais été d’accord avec cette façon de procéder. Je l’ai averti il y a deux ans. Au bout de trois discussions, il m’a dit : ‘’j’assume’’», se souvient-il. Pour cet habitué des affaires de spoliation, Mohamed Moutazzaki n’a «aucune chance de s’en sortir». «La seule possibilité pour lui est le désistement des juges. Mais je crois qu’ils vont maintenir leur plainte», estime-t-il.
Selon Me Lanbouri, les charges retenues contre son client sont basées sur les articles 263 et 266 du Code pénal, en vertu desquels ce dernier risque jusqu’à un an d’emprisonnement.