Hassan Chalgoumi est-il toujours pour la liberté d’expression comme du temps de Charlie ? La réponse penche plutôt vers la négative. Président d'une association cultuelle des musulmans de Drancy en Seine-Saint-Denis, Hassan Chalgoumi est un personnage controversé. Après les attentats de janvier 2015 visant la rédaction de Charlie, il est aux premiers rangs pour dénoncer les attaques et défendre la liberté d’expression.
Aujourd’hui cependant l’homme semble ne plus être Charlie puisqu’il menace, par l’intermédiaire de son avocat de poursuivre un humoriste belgo-marocain, Abdel en vrai qui a publié une vidéo satirique sur l’imam de Drancy sur Youtube. Dans la vidéo, le jeune homme s’interroge sur comment Hassan Chalgoumi est devenu imam et de surcroit représentant de la communauté musulmane. Abdel y tourne en dérision, son manque de maîtrise de la langue française.
Cette vidéo a déplu à l’imam de Drancy qui y voit une atteinte à son honneur et à sa réputation. «Dans une vidéo sur Internet, vous portez gravement atteinte à l’honneur et à la réputation de mon client […] Je vous mets en demeure de supprimer votre vidéo. A défaut, j’ai le mandat de vous poursuivre devant les tribunaux, ainsi que votre site internet qui diffuse cette vidéo», menace l’avocat de l’imam.
Un parcours sinueux
L’ascension médiatique de l’imam Chalgoumi est fulgurante. De père algérien et de mère tunisienne, l’homme grandit à Tunis avant de se former dans des madrassas notamment au mouvement Tabligh dans plusieurs pays : Syrie, Algérie, Turquie, Inde, et Pakistan. Arrivé en France dans les années 1990, Hassan Chalgoumi est naturalisé français, fiché par les services de renseignement pour des prêches jugés radicaux dans les foyers pour immigrés.
Dans les années, quand les musulmans de Drancy souhaitent disposer d’un lieu de culte, il prend les devants et devient président de l’association, ce qui lui vaudra plus tard d'être appelé l’imam de Drancy. Ses collaborateurs qui se sont désolidarisés de lui depuis contestent sa légitimité à représenter les musulmans, dénoncent son passé extrémiste et ses dérives politiciennes.
Il faut dire que l’homme a été au centre de vives critiques pour ses positions souvent changeantes sur plusieurs questions, dont le voile, la burqa, la Shoah, le radicalisme et même… la liberté d’expression. Sur ce point, il semble qu’une caricature humoristique l’ait décidé à ne plus être Charlie. Que peut-on dire de plus ?