De nationalité suisse, le directeur de publication du site français d’extrême droite «Riposte laïque», Alain Jean-Mairet a été condamné hier par le tribunal correctionnel de Paris à 5 000 euros d’amende pour «provocation à la haine envers les musulmans» après avoir publié en octobre dernier «une violente diatribe» contre les musulmans, rapporte la presse suisse.
Le texte incriminé, intitulé «Et si l'islam était le culte de la perversion sexuelle et morale?» était signé Salem Bennamar. Il avait été signalé au parquet de Paris comme incitant à la haine envers les musulmans par la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra). Le texte énumérait plusieurs actions délictuelles ou criminelles, «abuser sexuellement d'enfants pré-pubères », «terroriser, racketter, décapiter», imputées aux musulmans et accusait les «gouvernements occidentaux et musulmans».
«Sous couvert d'expliquer les faits qu'il dénonce par la supposée déviance morale de l'islam, l'auteur impute ensuite aux musulmans, de manière explicite, sans aucune réserve et sans distinction entre eux, une perversion morale et des comportements abjects », note le tribunal dans son verdict. Les juges estiment que le texte de Riposte laïque participe d’une «stigmatisation généralisée et systématisée des musulmans », en évoquant «leurs supposées pratiques zoophiles, pédophiles, incestueuses et nécrophiles, voire démoniaques ».
Les juges dénoncent l’auteur du texte qui «s'adonne à une diatribe violente contre les musulmans, auxquels il prête des perversions inhérentes à leur seule appartenance religieuse ». Pour eux, «les propos poursuivis ont amplement excédé les limites admises à la liberté d'expression ».
Pour tenter d’éviter la condamnation, la défense du site avait soulevé le fait que le tribunal n’était pas compétent pour juger le directeur de publication du site puisque son siège social était établi en Suisse. Un argument balayé d’un revers de main par le tribunal qui s’estime compétent pour tous les propos litigieux accessibles en France. Le parquet avait estimé que l’établissement du siège social en Suisse était une bien habile manœuvre destinée à éviter au site les condamnations judiciaires. Visiblement, la manœuvre n’a pas marché avec le tribunal correctionnel.