Chez les Ghebbari, le patinage artistique est une véritable passion familiale. Et elles viennent encore de le prouver. La deuxième des enfants, Karen, 15 ans, a remporté le 12 mars dernier à la patinoire du Méga Mall de Rabat le titre de championne du Maroc junior 2016. Une semaine plus tard, la benjamine, Kirsten, 8 ans, a décroché le titre de vice-championne de France poussine 2016.
Fierté parentale
Une joie pour leur père, Samir : «Je suis très fière de mes filles. Le fait qu’elles aient une passion et qu’elles arrivent à remporter des victoires au bout de beaucoup de sacrifices, c’est vraiment une fierté». D’autant plus que ce ne sont pas les premiers titres ramenés dans la maison familiale en Ardèche (au nord-est de la France). Karen a, en effet, été sacrée championne de France minime en 2012.
Une vie familiale au rythme du patinage
Dans la famille tous les enfants vivent au rythme de ce sport sur glace. L’aventure commence avec Ketlyne, l’ainée. Elle a 7 ans lorsque qu’à l’école, elle choisit le patinage. «Ma femme avait fait du patinage étant plus jeune. On s’était dit qu’elle allait essayer pour voir», explique à Yabiladi leur père qui, à la base, est passionné de football mais a appris à aimer le patinage à travers ses enfants.
Quand Ketlyne arrive sur la glace, elle surprend tout le monde, tellement elle est douée. «Au bout de six mois, elle participait déjà aux compétitions avec son école. C’est allé très vite», explique Samir. Karen est alors âgée de 4 ans à l’époque et s’y met également. «Le patinage artistique, c’est ma passion, ça fait partie de ma vie», confie l’adolescente qui rêve de rencontrer le roi Mohammed VI. Avec de tels exemples, le patinage n’a été qu’une «suite logique» pour les cadettes Kony, 10 ans, et Kirsten.
Aujourd’hui Ketklyne à Lyon et ses trois petites sœurs à Colmar, les filles Ghebbari ont chacune au moins trois heures d’entrainement par jour et montent à 5 à 7 heures pendant les périodes de vacances scolaires. «Il faut continuellement s’améliorer pour être compétitif», indique à Yabiladi l’entraineur des cadettes, Xavier Dias. Et chacune des filles a sa particularité : l’ainée, c’est la douée, Karen la bosseuse, Kony la souple et Kirsten la surdouée, comme qualifiées par leur père. Pour l’entraineur en tout cas, la benjamine est bien partie pour être promise à de belles victoires. «Si elle continue à ce rythme, elle aura dans un an le niveau technique de ses ainés. A son âge, c’est énorme», fait remarquer M. Dias.
Rêve familial pour le patinage artistique au Maroc
Karen, la bosseuse, continue de travailler d’arrache-pied. La plus médiatisée de la famille a en effet dû passer une année blanche après sa victoire au championnat de France minimes 2012, en raison de son choix du Maroc. Un choix qui, cependant, n’augure pas toujours quelque chose de glorieux. La jeune fille éprouverait des difficultés à obtenir le soutien nécessaire pour ses participations aux compétitions internationales.
Avec sa sœur ainée Ketlyne, elles étaient annoncées en grande pompe dans les médias l’an dernier pour une probable représentation du Maroc aux JO de la jeunesse 2016 qui ont eu lieu en Norvège en février dernier. Mais les deux jeunes filles n’ont finalement pas pu s’y rendre. Et pour cause, elles n’avaient pas réunis suffisamment de point pour être qualifiées, des points qu’elles obtiendraient justement en prenant part aux compétitions internationales. Karen n’a pu participer qu’aux épreuves de Logrono, en Espagne, en août 2015 et de Milan, en Italie, en septembre 2015. Son entraineur, Xavier Dias, travaille désormais pour la préparer aux JO 2018.
De son côté, Samir Ghebbari veut encore croire que ses filles ainés n’ont pas fait un mauvais choix en optant pour le Maroc, d’autant plus qu’il doit essuyer des critiques en France. «Beaucoup d’entraineurs disent que la carrière de mes filles aînées a été gâchée. Mais ma famille a une vision, celle de vulgariser le patinage artistique au Maroc et faire rayonner le royaume sur la scène internationale à travers ce sport», défend le jeune père qui estime que les choix ne se regrettent pas, mais s’assument. Une leçon bien apprise par Karen : «j'ai choisi de représenter le Maroc car j'ai reçu une éducation avec l'amour du royaume, c'est la terre de mes ancêtres».