Un mois après son agression, Amine Aouam, un étudiant marocain en finance de 34 ans et employé dans un hôtel, attend toujours que justice soit faite. Mais la police de Philadelphie lui a spécifié qu’elle n’avait toujours pas encore pu identifier son agresseur, rapporte la presse locale.
Agressé pour une conversation en darija
«Je veux que justice soit faite», clame Amine Aouam interrogé par la version américaine de Metro indiquant que la balle était désormais dans le camp de la police. Youssef Saïd Amarouch, un ami et lui revenaient d’un bar à Philadelphie lorsque leur conversation en darija a interpellé un groupe de jeunes hommes et femmes. Amine aurait alors dit «bonsoir» en arabe à une jeune fille du groupe qui n’arrêtait pas de le fixer du regard lui et son ami. Quand la jeune femme a affirmé n’avoir pas compris, Amine tente de lui expliquer en anglais ce qu’il disait. Un jeune homme du groupe se jette sur lui avant de le rouer de coup sans doute avec une batte de baseball. Des coups à la nuque qui le feront s’effondrer, sa tête heurtant le trottoir. Il a été transféré à l’hôpital universitaire de Jefferson à Philadelphie.
Malheureusement son agression n’a pas été filmée par les caméras de surveillance à proximité de la rue où Amine a été agressé. «J’ai été surpris de savoir que la scène n’apparaissait pas dans la vidéo. Il y avait des caméras là mais elles n’ont pas capté la scène», a dit le chef de la police locale, Partick Dougherty. Et pour ajouter à l’amertume d’Amine qui souffre toujours de maux de tête consécutifs à son agression, Patrick Dougherty a indiqué que techniquement son agression pourrait ne pas être qualifiée de «crime raciale»
Une agression qui risque de ne pas être qualifiée de «crime de haine»
«Je ne crois pas que ce soit un crime de haine parce que je pense que les deux parties impliquées étaient ivres. Je pense même si quelqu’un d’autre avait dit quelque chose à cette fille, l’agresseur l’aurait frappé», explique l’officier de police. Mais il reconnait que«cela ne donne pas le droit à quelqu’un de frapper un autre. Il ne méritait pas d’être agressé comme cela».
Les deux amis maintiennent pourtant leurs affirmations que l’agression était bien un crime de haine. Ils s’inquiètent aussi de la stagnation de l’enquête. «Ils ont besoin de plus de preuves pour considérer cela comme un crime de haine. Supposons que cela n’en soit pas un. Je ne vois aucune progression sur le cas [de son agression, NDLR], aucun», martèle Amine. Et d’ajouter, «ils veulent que j’attrape moi-même le mec et les leur ramene afin de les faire avancer. Si c’était moi le criminel, ils m’auraient rapidement retrouvé».
La mésaventure d’Amine est loin de connaître un épilogue. Aujourd’hui, il doit s’acquitter de factures médicales importantes consécutives à son agression. Il a pris attache avec des associations et groupes de défenses de musulmans et d’arabes spécialisés dans l’indemnisation de victimes de ce genre d’agressions. Son agresseur lui court toujours !