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Grand Angle

Espèces menacées : Le Maroc veut renforcer la conservation des faucons d’Eléonore sur l’île de Mogador

Après Madagascar en hiver, c’est au Maroc, sur l’île de Mogador que les faucons d’Eléonore élisent domicile le reste de l’année pour s’y reproduire. Soucieux de préserver ces oiseaux classés comme espèce menacée, le département des Eaux et Forêts et les chercheurs travaillent depuis plusieurs années sur un plan d’action de conservation, qu’ils entendent renforcer. Détails.

Publié
© Niall Corbet
Temps de lecture: 2'

Mieux cerner le faucon d’Eléonore, améliorer son espace de reproduction, augmenter sa population, …tels sont les objectifs du plan d’actions de conservation du faucon d’Eléonore sur l’île de Mogador porté depuis plusieurs années par le Haut-Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLC), en collaboration avec des chercheurs au Maroc et en Espagne. Un plan que le Maroc entend aujourd’hui renforcer pour une meilleure prise en charge de ces joyaux de la nature que sont les faucons d’Eléonore.

L’une des espèces emblématiques de la faune marocaine

«Le faucon d’Eléonore est l’une des espèces emblématiques de la faune marocaine. D’où l’importance de sa conservation», déclare à Yabiladi Zouhir Amhaouch, chef de division des parcs et réserves naturelles au HCEFLC. En effet, le faucon d’Eléonore hiverne à Madagascar et migre au Maroc, sur l’île de Mogador, vers fin mars début avril, selon les chercheurs. Jusqu’à fin octobre, il y reste pour se reproduire.

Le programme d’étude actuellement en cours mobilise au Maroc une équipe de six chercheurs et trois étudiants doctorants qui travaillent en partenariat avec l’Université d’Alicante ainsi qu’un Institut de recherche en Espagne. «En tant que chercheurs, nous fournissons des éléments scientifiques», explique à Yabiladi Hamid Rguibi, ornithologue et enseignant à l’Université Chouaib Doukkali d’El Jadida. «Moi personnellement, je travaille sur le succès de la reproduction. Le faucon d’Eléonore fait trois à quatre œufs par nid. Je fais leur suivi jusqu’à leur envol», ajoute le scientifique qui étudie également le régime et le comportement alimentaire des faucons. D’ailleurs, de récents travaux ont montré que ces oiseaux migrateurs adoptent de nouvelles pratiques, avec notamment la conservation de leur proie vivante.

Autres pistes

Aujourd’hui, plusieurs autres pistes pour une meilleure conservation sont envisagées. En effet, les chercheurs veulent étudier l’itinéraire de migration des faucons. «Ce sera un plus pour mieux cibler nos actions pour la conservation de cette espèce», souligne M. Rguibi, relevant qu’avec son groupe de travail il a démarré cette étude en 2013 sans pouvoir aboutir. «Nous avions démarré au mois de septembre en suivant deux faucons adultes. Mais nous avons perdu le signal satellitaire au mois de décembre au niveau du Sahara au Niger», explique le chercheur, ajoutant que depuis ils n’ont plus recommencé, en raison du coût d’une telle opération. En effet un émetteur satellitaire coûte environ 1 200 euros (plus de 12 000 dirhams), tandis qu’il faut débourser 2 600 à 2 700 euros (plus de 26 000 à 27 000 dirhams) pour un abonnement satellitaire.

Une orientation à laquelle les Eaux et forêts ne trouvent pas d’objection. «C’est plus le travail des chercheurs. Si l’étude de l’itinéraire migratoire des faucons d’Eléonore ne nuit pas à l’espèce, nous pouvons donner notre autorisation», explique M. Amhaouch. L’administration étudie également un projet éco-touristique sur l’île de Mogador à la demande des autorités d’Essaouira. La cible serait prioritairement les élèves qui y viendraient en groupe de douze pour «découvrir un précieux trésor de la faune marocaine». «Mais nous sommes encore en pleines réflexions, car nous sommes plus dans une stratégie de conservation aux Eaux et forêts», ajoute le responsable.

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