Les patrouilles de police dans le quartier dit «petit Maroc» de Düsseldorf (Ouest de l’Allemagne) sont devenues régulières, en témoigne un reportage d’Arte sur les craintes d’amalgame ressenties par la communauté marocaine suite aux agressions du nouvel an à Cologne. «Le gouvernement et la police sont arrivés tout d’un coup et ils ont fait comme si tous les arabes sont des gens mauvais et qu’ils doivent quitter l’Allemagne, parce qu’ils ne font rien de bien. Mais ce n’est pas vrai», défend un MRE qui habite la ville depuis une vingtaine d’années.
Des mesures radicales
Pour mémoire, des jeunes Marocains et Algériens ont agressés des centaines de femmes la nuit du 31 décembre dernier à Cologne. Vols à la tire, attouchements sexuels et un viol au moins ont été signalés à la police. Le scandale a fait l’effet d’une bombe dans le pays et les autorités sont résolues à prendre les mesures nécessaires pour faire face à «une nouvelle forme de criminalité organisée», dont Düsseldorf serait la base arrière.
Ainsi, plusieurs municipalités ont pris des mesures radicales en raison des plaintes des femmes. Fermeture temporaire de piscines publiques aux hommes migrants de plus de 18 ans, durcissement des règlements des piscines publics avec parfois traduction en arabe de ces points clés ou encore interdiction d’accès à certaines discothèques aux immigrés, autant de dispositions qui ont été prises, rapporte le journal français Libération.
Les délinquants, «une minorité»
Il y a dix jours, 300 policiers ont effectué une descente sur le terrain. Si la mission s’est soldée par un résultat négatif, les arrestations dans le quartier magrébin seraient devenues régulières. Selon un MRE, les jeunes Marocains sont de plus en plus nombreux à immigrer en Allemagne, au détriment de l’Espagne ou l’Italie où la vie est plus difficile en raison de la crise. «Même les mineurs [viennent]. Ils ne travaillent pas mais volent, ce qui crée des problèmes», explique l’homme qui semble approcher la quarantaine.
Et selon les statistiques officielles, les arrivées des Marocains en Allemagne s'accroissent depuis la fin 2015. En décembre uniquement, ils ont été 2 900 à rejoindre le pays de Angela Merkel, contre quelques centaines les mois précédents, rapporte Libération. De plus, selon la même source, une étude de la police lancée en 2014 révèle que 40 % des jeunes Marocains et Algériens à Düsseldorf deviennent criminels au cours des douze premiers mois de leur séjour en Allemagne, contre 0,5 % pour les Syriens.
Mais au sein de la communauté MRE, on estime que ces jeunes ne représentent qu’«une minorité». «Une grande partie des Marocains en Allemagne étudie ou travaille et gagne honnêtement savie», indique à Yabiladi Abdessamad El Yazidi, très actif au sein de la communauté et exerçant également en tant que président régional du Conseil central des musulmans d’Allemagne à Essen, dans le district de Düsseldorf.
Une marche pour dire non à l'amalgame
D’après lui, l’amalgame est en train de naitre peu à peu. «Nous le ressentons, même au niveau de l’association», affirme M. Yazidi. Il rejette l’étiquette qui tend à se coller aux Maghrébins en général et aux Marocains en particulier, suite aux événements de la Saint-Sylvestre, estimant que les associations font des efforts pour intégrer au mieux les jeunes fraîchement arrivés.
Pour montrer que la communauté dans son ensemble n’est pas responsable de ce qui arrive, un collectif de Marocains organise une marche à Düsseldorf samedi prochain. «C’est pour dire que nous sommes une partie de l’Allemagne. Nous avons étudié ou étudions encore ici. Nous travaillons dans ce pays et avons construit notre vie. Nous sommes aussi des citoyens allemands et nous ne sommes pas des criminels», conclue M. Yazidi.