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Grand Angle

Belgique : Ismaël Saïdi visé par une campagne de sabotage ?

La presse belge n’avait pas autant parlé d’Ismaël Saïdi qu’elle ne l’a fait ces derniers jours. Alors que le réalisateur et scénariste belgo-marocain est la cible d’insultes et menaces depuis quelques temps en raison de son engagement dans la lutte antiterroriste, son retrait d’un projet de déradicalisation soutenu par les autorités n’a pas estompé les attaques. Hier, mardi, la RTBF a été contacté du Maroc pour remettre sur la table un prétendu démêlé de justice impliquant Saïdi depuis 2010. L’artiste quant à lui, dément formellement.

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Ismaël Saïdi / Ph. Emmanuel Dunand - AFP
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«Ismaël Saïdi rattrapé par des démêlés judiciaires au Maroc», titre RTBF hier, mardi 12 janvier. L’article révèle une condamnation d’Ismaël Saïdi à «quatre mois de prison avec sursis et le remboursement de toutes ses dettes», laquelle aurait été prononcée le 27 octobre 2014 par la Cour d’appel de Casablanca.

Une affaire réglé dans laquelle Saïdi était la victime

Le plaignant, Rachid Chkiri, est un producteur de film ayant grandi en Belgique et travaillant depuis quelques années au Maroc. Il accuse Saïdi de l’avoir «escroqué» en 2009 dans le cadre de la réalisation d’un long-métrage. Le scénariste belgo-marocain lui aurait alors adressé des chèques en bois d’une valeur de 335 950 dirhams. Un premier jugement serait tombé le 27 août 2012, auquel Ismaël Saïdi aurait fait appel. Et une nouvelle audience, le 13 octobre 2014, aurait donné lieu à la «confirmation du jugement sur base des pièces du dossier dont des analyses graphologiques prouvant qu’il s’agit bien de l’écriture d’Ismaël Saïdi», selon la même source. Rachid Chkiri a confié à RTBF qu’il prépare «une procédure afin de pouvoir faire exécuter, en Belgique, le jugement rendu au Maroc sur base des conventions et des accords bilatéraux».

Mardi soir, Ismaël Saïdi a formellement démenti ces accusations auprès du journal Le Soir, expliquant que c’est plutôt lui qui avait été victime de Rachid Chkiri. «Ce directeur m’a subtilisé trois chèques, j’ai déposé immédiatement plainte pour vol. Quelques mois plus tard, alors que j’étais de retour pour la postproduction du film, je me rends compte qu’on a tenté de tirer les chèques. La justice marocaine me précise alors, que la loi locale exige que je dépose le montant de la somme volée au tribunal, en attendant de prouver le vol et l’usurpation de mon identité», raconte le réalisateur qui a fourni au journal belge tous les documents prouvant ses dires.

L‘artiste reconnait qu’en raison de sa résidence en Belgique, il n’a pas suivi l’affaire de près, mais s’étonne qu’il n’ait jamais eu le moindre souci au Maroc avec une telle affaire sur le dos « Je suis allé au Maroc tourner un téléfilm en 2012, j’ai touché un subside du Centre cinématographique du Maroc en 2013 pour un long-métrage. Si le Maroc me considérait comme un escroc, cela ne se serait jamais fait», argue-t-il. S’estimant victime de jalousie, le réalisateur de Djihad tient à souligner qu’il n’a «jamais arnaqué qui que ce soit». Et deux de ses collaborateurs l’ont défendu dans ce sens. Il s’agit de Reda Cheb Choudi et Shark Carrera, les acteurs de Djihad.

«Un coup bien monté»

Cependant, Ismaël Saïdi n’est pas vraiment surpris par ce qui lui arrive. Ce qui le surprend, c'est que cela vienne de son pays d'origine. «Quelqu’un a carrément appelé les médias belges depuis le Maroc. C’est un coup bien monté avec participation d’un avocat …», estime Saidi dans un entretien avec Yabiladi cet après-midi.

Ces derniers jours, il a en effet été la cibles d’attaques, d’insultes et de menaces en raison de son engagement dans la lutte anti-terrorisme. «Le problème c’est qu’avec ma pièce Djihad, j’ai été malgré moi mêlée à la problématique islamiste. Puis avec le projet de déradicalisation, il y a eu tellement de levées de bouclier…», regrette l’artiste, soulignant que cela lui a valu «des conflits politiques et des conflits avec certaines personnes de la communauté musulmane».

Après avoir annoncé son retrait de ce projet soutenu par les autorités belges, le scénariste belgo-marocain pensait pourvoir détourner de lui les feux des projecteurs. Désormais, il préfère se consacrer à ce qu’il sait faire, à savoir le théâtre. Si les critiques ne concernent que sa pièce Djihad, Saïdi veut bien les supporter. «Cette pièce, c’est moi qui l’ai écrite, c’est ma vie. Ce n’est pas grave si on m’insulte ou me menace à cause de cette œuvre. Parce que c’est de l’art, je suis en quelque sorte protégé par mon texte», explique-t-il. «Je me suis dit que je pouvais aider, mais là, c’est tout à fait le contraire. Je me suis retrouver à justifier une affaire qui date de 2010…», se désole l’artiste.

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