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Grand Angle

Pétrole, pluviométrie, retraites, ce qui attend le gouvernement Benkirane en 2016

Le gouvernement Benkirane amorce actuellement la dernière ligne droite de son mandat. A neuf mois des élections législatives, plusieurs dossiers notamment économiques seront au menu de l’équipe gouvernementale. Leur gestion influera-t-elle sur la campagne électorale ?

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En septembre 2016, les Marocains se rendront aux urnes pour élire leurs représentants au Parlement dans le cadre des élections législatives. Ce sera pour le gouvernement Benkirane la fin d’un mandat marqué par d'importants dossiers sur le plan économique avec notamment depuis l’année dernière la baisse historique du cours du pétrole qui reste en dessous des 37 dollars, un niveau jamais atteint depuis la crise financière internationale de 2008. Et selon de nombreux experts du pétrole, le prix du baril devrait se maintenir à ce niveau sur «une bonne partie de l’année», en raison d’un excès d’offre sur le marché.

Alors que le Maroc importe la quasi-totalité de ses besoins en pétrole, la baisse des prix va lui permettre de faire des économies. Ce qui se traduira par une augmentation du pouvoir d’achat des marocains grâce à une baisse des prix à la pompe, en raison de l’indexation des prix des carburants en vigueur depuis la réforme de la caisse de compensation. De quoi donner du sourire aux consommateurs.

Cependant, d’autres dossiers économiques amorcés cette année par Rabat pourraient ne pas susciter le même enthousiasme. C’est le cas de l’augmentation des prix de certains produits et services tels que les billets de train, les tarifs d’électricité, le prix du sucre, les cotisations à l’Assurance maladie obligatoire (AMO) ou encore la taxe sur les ventes de biens immobiliers.

Par ailleurs, la réforme des régimes de retraites des fonctionnaires dont la mise en œuvre devrait démarrer début 2017, suscite déjà des grincements de dents avec notamment l’âge de la retraite relevé à 63 ans.

Le tourisme est également un autre cheval de bataille du gouvernement. Avec environ 9,43 millions de visiteurs à fin novembre 2015, soit une baisse de 0,9 % seulement par rapport à la même période l’année précédente, le Maroc pourrait enregistrer une stagnation, voire même une baisse d’entrées touristiques cette année. L’ONMT tente déjà de développer sa stratégie pour relancer le secteur, mais le contexte géopolitique actuel ne garantit rien.

De plus, le principal moteur de l’économie marocaine, à savoir l’agriculture devrait connaitre une année 2016 morose, en raison d’une pluviométrie insuffisante.

Des objectifs clés non atteints

Autant de défis auxquels sera confronté le gouvernement Benkirane qui attaque ainsi la dernière ligne droite de son mandat. Economistes et politologues restent d’accord sur un point : le principal atout de ce gouvernement a été la baisse du cours du pétrole. «C’est la chance du gouvernement. Actuellement, les prix sont en train de baisser, tout va bien. Mais que se passera-t-il quand les prix du pétrole repartiront à la hausse ?», se demande l’économiste Najib Akesbi.

Par rapport à ses engagements, l’Exécutif marocain ne peut pas vraiment se féliciter. Le chef du gouvernement et son équipe s’étaient engagés sur un taux de croissance de 5,5%. Mais celui-ci devrait se situer entre 3,5 et 4%. «1,5 à deux points en moins par rapport à l’engagement, ce n’est pas rien, quand on sait que 1 point du PIB équivaut à 9,5 milliards de dirhams», souligne M. Akesbi. Idem pour le chômage qui devait être ramené à 8%, mais qui dépasse actuellement les 10%.

«L’objectif final de la politique, c’est d’améliorer la condition socio-économique de la population», déclare le politologue Mohamed Darif, prenant l’exemple de la réforme de la compensation. Le chef du gouvernement avait en effet annoncé une réforme à deux volets, d’une part la libéralisation des prix et d’autre part la distribution de revenus directs pour les classes défavorisées afin de préserver leur pouvoir d’achat. «Mais la réforme s’est arrêtée au premier volet», remarque l’universitaire et secrétaire général du Parti des néo-démocrates.

«Qui parle encore de la distribution des revenus directs aux populations défavorisées ?», se demande M. Akesbi, estimant que la réforme de la caisse de compensation «n’a obéit qu’au dictat du Fonds monétaire international (FMI)». «Si jamais le cours du pétrole repart à la hausse ne serait-ce qu’à 70 dollars et qu’à la pompe l’essence passe à 14 ou 15 dirhams, c’est la chute sans parachute» pour le consommateur, explique-t-il. Pour l’économiste, les équilibres macroéconomiques actuels du Maroc «sont tout à fait illusoires et peuvent même devenir dangereux» si la tendance du cours du pétrole s’inverse. «C’est la patate chaude que ce gouvernement va laisser à son successeur», dit-il.

L'électeur regardera-t-il le bilan du gouvernement ?

Certains politologues pensent qu’il est trop tôt pour dire si le bilan économique du gouvernement Benkirane pourrait ou non influer sur la campagne électorale de cette année. C’est le cas notamment de Mohamed Tozy. «Il n’est pas démontré que les électeurs fassent le lien entre le bilan du gouvernement et les élections, à moins que cela devienne une actualité chaude qui crée la polémique», argue-t-il, estimant qu'il est nécessaire d'attendre au moins que le thème de campagne soit dévoilé.

Mohamed Darif en revanche est de ceux qui pensent que les Marocains sont de plus en plus avisés en politique. «Outre l’économie, les questions liées aux droits de l’Homme pourraient influencer le déroulement de la campagne électorale», dit-il, parlant du dialogue social qui fait l'objet de tensions entre le gouvernement et les centrales syndicales ou encore les dossiers liés aux libertés individuelles.

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