Une synchronisation ratée mais intentionnelle. Pour mieux se positionner dans la course aux primaires républicaines, Donald Trump et ses communicants ont choisi délibérément de jouer sur une "invasion" supposée des Etats-Unis par les Mexicains qui franchissent en grand nombre la frontière entre les deux pays. C'est ainsi que dans son premier clip de campagne, le candidat républicain à la course à la Maison Blanche, montre des centaines de personnes à l'assaut d'une frontière. Une voix off qui accompagne ces images assure que Donald Trump "va freiner l'immigration irrégulière en construisant un mur au niveau de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique" et qu’il fera financer les travaux par le voisin du sud, rapporte la BBC.
Seule ombre au tableau, les images utilisées dans le clip sont anachroniques et ne se déroulent pas au bon endroit. Et c'est le site PolitiFact, spécialisé dans la confrontation des données et les déclarations des politiciens. PolitiFacts explique que les images utilisées dans le clip ont été tournées en 2014 non sur la frontière américano-mexicaine mais à Melilla par la délégation gouvernementale. Les immigrés "envahisseurs" présentés sur les images sont en fait loin d'être des latinos mais des migrants pour la plupart subsahariens qui tentent de rejoindre cette enclave espagnole depuis le Maroc.
Des explications pas très convaincantes
La supercherie découverte, le camp Trump s'est défendu sans vraiment convaincre. Il explique que l'utilisation de ces images était "intentionnelle" et était destinée à "démontrer la grave conséquence d'une frontière ouverte et la menace à laquelle les Américains auront à faire face si nous ne construisons pas immédiatement un mur pour contenir l'immigration illégale", explique un communiqué de la direction de la communication du candidat républicain. Elle ajoute que "les médias partiaux ne le comprennent pas mais les Américains qui souhaitent protéger leurs emplois et leurs familles comprendront [la construction du mur, NDLR]". Donald Trump et son équipe semblent décidés à placer l'immigration qu'elle soit irrégulière ou légale au centre de la course à la Maison Blanche.
Habitué aux déclarations polémiques, Donald Trump est entré dans une surenchère politicienne où il joue sur les peurs et exploite les stigmatisations d'une communauté religieuse ou des minorités ethniques. Déjà en novembre dernier, le favori aux primaires républicaines s'était prononcé en faveur d'une expulsion "complète et totale" de tous les musulmans américains qu'ils y soient nés ou issus de l'immigration. Un argument qu'il reprend à son compte dans le clip avec des images des auteurs de la fusillade de San Bernardino associés à des tirs de missiles et des explosions de bâtiments, cette fois encore sans préciser ni le lieu, ni le contexte. Cette propagande révèle une volonté délibérée d'entretenir la confusion et de monter les américains les uns contre les autres. Une polémique de plus pour se maintenir au centre du focus médiatique.