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Grand Angle

France : Réactions contrastées sur la déchéance de la nationalité

La mesure fait jaser dans la classe politique en France. L'annonce du gouvernement de maintenir la déchéance de nationalité pour les binationaux nés en France divise. Si la droite salue l'intégration de cette mesure dans la constitution, la gauche dénonce une mesure antirépublicaine. Tour d'horizon des réactions.

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C’est à la surprise générale que l’exécutif français a annoncé le maintien de la déchéance de nationalité pour les binationaux nés en France dans la réforme constitutionnelle. Après l’annonce de Christiane Taubira sur les ondes d’une radio algérienne que la déchéance de nationalité ne figurerait pas dans la réforme, la fin du conseil des ministres a consacré le maintien de cette mesure polémique. Mais passé cet imbroglio politique et la stupéfaction du maintien de la mesure, l’inscription de la déchéance de nationalité pour les binationaux dans la constitution a créé des remous au sein de la classe politique française.

De manière globale, la droite française se réjouit du maintien de la déchéance mais dénonce un gouvernement indécis et hésitant. Mais l’adoption de la mesure est du pain béni pour LR puisqu’en 2007, la déchéance de nationalité avait été proposée par Nicolas Sarkozy qui avait fini par reculer.

Du côté du Front national, sa présidente, Marine Le Pen, exulte à l’annonce du maintien de la déchéance de nationalité et en attribue l’inspiration aux bons résultats de son parti aux dernières régionales. Dans le même sens, Gilbert Collard salue l’application par la gauche d’une mesure proposée par le FN. Le parti d’extrême droite estime la mesure inévitable pour renforcer l’arsenal juridique de lutte contre le terrorisme. Même s’il soutient la mesure, le bras-droit de Marine Le Pen, Florian Philippot dénonce un cafouillage dans l’annonce.

Les socialistes dénoncent une mesure antirépublicaine

Si à droite la décision est plutôt bien accueillie, au niveau de la gauche française la mesure divise. Au sein même du PS, des élus ont annoncé qu’ils ne voteraient pas la déchéance de nationalité qu’ils considèrent comme antirépublicaine. Selon eux, la mesure n’est pas efficace contre le terrorisme et créerait deux catégories de citoyens. D’un côté, il y aura les citoyens français nés de parents français qui bénéficieraient du droit au sang. De l’autre, il y aurait des Français issus de l’immigration dont le droit du sol peut être remis en question au nom de la lutte contre le terrorisme.

Communiqué : La Fédération des Français à l'étranger du PS condamne le choix d'étendre la déchéance de nationalité aux...

Posté par Martine Vautrin Jedidi sur  mercredi 23 décembre 2015

Jean Luc Mélenchon a indiqué dans un tweet que la mesure lui donnait «la nausée». Dans un long post sur Facebook, il continue de dénoncer cette décision qu’il qualifie d’ «attentat contre l’identité républicaine». Moins virulente, Cécile Duflot estime qu’« il faut savoir poser des bornes infranchissables. A force de vouloir couper l’herbe sous le pied du FN, on risque d’appliquer son programme». La co-présidente du groupe des écologistes appelle dans une interview à Libération «toutes les consciences républicaines à se réveiller et à refuser cette pente glissante». Cécile Duflot appelle à voter contre, une position partagée par plusieurs élus de gauche.

Pour ajouter à la polémique, le gouvernement annonce que c'est la Garde des Sceaux, Chirtiane Taubira, farouchement opposée à la déchéance de nationalité, qui défendra le texte à l'assemblée. Une annonce qui pousse la droite à réclamer sa démission. Mais la ministre de la Justice a annoncé qu'elle restera en poste. 

Mais malgré la controverse, François Hollande a décidé de maintenir la mesure dans la réforme constitutionnelle au risque de se mettre à dos sa majorité. Le texte pourrait ne pas recueillir les 3/5ème des voix nécessaires pour constitutionnaliser la déchéance de nationalité pour les binationaux nés en France. Le président français compte sur la droite pour rassembler les voix nécessaires ou alors il pourrait se tourner vers l’organisation d’un référendum.

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