Yabiladi : Le Festival de Marrakech a pour vocation de mettre en valeur les très jeunes cinéastes du monde entier. Mais qu’apporte-il aux réalisateurs marocains ?
Sarim Fassi-Fihri : On nous a reproché de ne pas avoir de côté business dans ce Festival, alors pour la première fois, on a profité de la réunion des distributeurs européens pour organiser, aujourd’hui, de façon formelle des rencontres BtoB entre les distributeurs européens et les producteurs et réalisateurs marocains.
Nous avons ainsi réuni une vingtaine de producteurs et de réalisateurs qui ont produit un film en 2014 ou 2015 et ont du matériel à montrer, c’est-à-dire un moyen technique quelconque de faire voir leur films aux distributeurs. Cela ne portera probablement pas de fruits dès la première fois, mais il faut l’installer.
Le CCM et la Fondation FIFM ont également organisé, en juin, une résidence d’écriture à Ifrane pendant une semaine pour 14 producteurs et réalisateurs marocains qui ont obtenu une avance sur recette du CCM mais n’ont pas encore réalisé leur film. En face d’eux on a placé 7 scénaristes français et un marocain pour retravailler avec eux le scénario de leur film. Des Français parce que je voulais avoir un regard neuf, extérieur, du recul. On a associé un ou deux réalisateurs marocains à un scénariste tuteur. Ils ont travaillé ensemble pendant plusieurs mois et nous ont rendu récemment le nouveau scénario.
La sélection Cinécole du Festival propose des courts-métrages réalisés par des étudiants en cinéma dans les écoles marocaines. Comment a-t-elle été réalisée ?
On a reçu 27 ou 28 courts-métrages venus des écoles marocains. On se les partage avec Bruno Barde [directeur artistique du Festival, ndlr] et on en a discuté. La sélection se fait ainsi. Cette année, hé bien, on a fait au mieux... Les écoles marocaines de cinéma en sont encore à leurs balbutiements. Ca va évoluer.
Parmi les jeunes réalisateurs primés par les jurys des éditions précédentes certains ont fait carrière dans le cinéma comme Mahassine El Hachadi qui a intégré le milieu professionnel comme réalisatrice [elle a réalisé un second court-métrage en 2013 « carte postale», ndlr], d’autres deviennent monteurs, ou sont sur le marché du travail.
Le Festival a aussi été l’occasion de signer plusieurs contrats bénéfiques au cinéma marocain. De quoi s’agit-il exactement ?
8 contrats ont été signés entre 3 réalisateurs marocains et la plateforme dubaïote ICFlix, sur le même modèle que la plateforme Netflix. Elle propose des films et des séries dans tout le monde arabe. Noureddine Lakhmari [réalisateur de Zéro, ndlr] va voir ses 6 prochains films coproduits et développés par ICFflix, ainsi que le prochain film de Jérôme Cohen Olivar [réalisateur de L’orchestre des aveugles], Brahim Chkiri [réalisateur de Road to Kaboul, ndlr].
Le contrat entre la SNRT et le CCM est également prêt et n’attend que la disponibilité du président de la SNRT pour être signé. La SNRT va s’engager à coproduire et diffuser 12 à 15 films marocains par an.