«Les Marocains nous ont interceptés et violentés. Ils nous ont donné à manger pendant quatre jours puis nous ont lancés vers la frontière mauritanienne dans une zone minée. Certains sont morts dans le désert. J'avais la jambe enflée. Nous avons marché jusqu'à Nouadhibou où j'ai été hospitalisé», racontait un migrant. Ceci n’est qu’un des nombreux et douloureux témoignages de migrants contenus dans le rapport «Prisonniers du désert» que vient de publier la Cimade, en partenariat avec des associations de la Mauritanie, du Mali et du Niger. Des faits devenus hélas habituels et que vivent chaque année des milliers de migrants subsahariens en quête de l'eldorado européen. Une quête qui se termine généralement dans le désert du Sahara.
L’externalisation de la politique migratoire européenne en est la principale cause. C’est désormais aux pays du nord de l'Afrique de faire le sale boulot, en empêchant les migrants d’atteindre les côtes européennes. Ouvrant ainsi la voie à ces atrocités intensifiées par des considérations parfois racistes envers ces aventuriers. En retour, les signatures d’accords de partenariats et de financements de projets se multiplient pour les «Etats gendarmes». A court-terme, le deal est plutôt intéressant car il rapporte gros. Mais tous ignorent, ou font semblant d’ignorer qu’il s’agit là d’un couteau à double tranchant. Les conséquences commencent déjà à se faire sentir sur les pays d'origine de migrants.
Qui sème le vent…
En Mauritanie, déjà, l’hospitalité légendaire des populations est en train de faire place à la xénophobie à cause de la lutte conte l’immigration clandestine. «Dans ce pays de longue tradition d’accueil, l’approche répressive à l’encontre des migrants prônée par l’Union européenne entraîne la stigmatisation des populations étrangères et de nombreux abus, comme des arrestations arbitraires. Les interpellations de migrants, leur détention dans le centre de Nouadhibou et leur refoulement à la frontière, se généralisent», lit-on sur cet article publié dans Causes Communes.