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Grand Angle

Les 55 milliards de dirhams pour le monde rural vont-ils diviser Benkirane et Akhannouch ?

La tutelle sur le projet royal de développement du monde rural est à l’origine d’une crise de confiance entre Abdelilah Benkirane et Aziz Akhannouch. Le PJDiste crie à la conspiration. Ce que d’ailleurs récuse le ministre de l’Agriculture.

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Abdelilah Benkirane et Aziz Akhannouch / Ph. Brahim Taougar - Le360
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Est-ce la fin de la lune de miel entre le chef du gouvernement et son ministre technocrate à l’Agriculture et à la Pêche ? Un différend les oppose désormais sur la tutelle du projet royal de plus de 55 milliards de dirhams destiné à la mise à niveau du monde rural, annoncé à l’occasion du dernier discours du trône.

Aziz Akhannouch a réussi à s’imposer comme l’ordonnateur de paiement de cette importante manne financière. Sa désignation figure, d’ailleurs, sur l’article 30 du projet de loi de finance 2016, approuvé la semaine dernière en conseil de gouvernement présidé par Benkirane.

Le ministre exercera sa tutelle sur ces milliards de dh à travers le «Fonds de développement rural et des zones montagneuses» dont la création remonte au gouvernement Driss Jettou. «Cette tutelle n’a jamais créé de différend ni du temps de Jettou, ni El Fassi, ni même sous Benkirane. Il vient juste de changer de position», nous confie une source proche du dossier.

Un édito dans un journal proche du PJD a déclenché les hostilités

Visiblement Benkirane ne s’est rendu compte de cette donne que tardivement. Vivement remonté contre son ministre, il crie à une «conspiration» qui serait orchestrée par Akhannouch et avec la participation de l’argentier du Royaume, Mohamed Boussaid. Un sentiment qu’un édito publié dans l’édition d’aujourd’hui du quotidien Akhbar al Yaoum a fidèlement exprimé, soulignant que l’ «ancien allié» est de facto à la tête d’un «gouvernement restreint» et l’interlocuteur privilégié des walis et gouverneurs des régions concernées par le projet royal au détriment du chef du gouvernement. Ce qui, selon le journal, serait inconstitutionnel.

Contrairement à ses collègues, le ministre de l’Agriculture n'est pas un habitué des polémiques et des déclarations fracassantes, préférant plutôt la discrétion. Mais il a brisé son silence en publiant aujourd'hui un communiqué pour se défendre, en précisant que contrairement à ce qui a été publié, Abdelilah Benkirane a déjà accepté sa demande de superviser le projet royal en sa qualité d’ordonnateur de paiement.

Le ministre en profite pour déplorer «la perte de confiance» entre les membres du gouvernement. Et de demander à Benkirane de «condamner publiquement» les accusations de conspiration dont il a fait l’objet. Une invitation que le chef de gouvernement pourrait saisir sous peu en publiant une déclaration à ce sujet. Benkirane ne peut se permettre une dispute avec un ministre proche du roi Mohammed VI.

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