Le Maroc se lancera-t-il prochainement dans une industrie de défense à petite échelle ? A en croire le général espagnol, Juan Garcia Manuel Montano, le directeur général des armements et matériels au ministère de la Défense, Rabat aurait demandé l’ «appui» des constructeurs espagnols pour le «transfert de technologie» et «la signature d’accords de partenariat» en vue de la réalisation de projets en commun. Malgré le poids d’une histoire jalonnée de conflits armés entre les deux pays et de différents territoriaux et maritimes non encore résolus, la proposition marocaine ne devrait pas inquiéter outre mesure les voisins du nord.
Et pour cause son champ d’action devrait être limitée et ne pourrait en aucun cas concerner les secteurs de pointe où les voisins du nord ont une longueur d’avance sur les Marocains. Une position acquise particulièrement grâce aux transferts de technologies américains, comme c’est le cas pour les avions de transports de troupes C-295, fabriqués par la société CASA, les avions de reconnaissance maritime, ou les corvettes de patrouilles dotées de technologie américaine AEGIS.
Une ouverture sur le marché africain
Jusqu’à présent la coopération a su s’accommoder avec le passif de l’histoire commune. Le Maroc est déjà un client de l’Espagne même si ses acquisitions se chiffrent seulement en millions d’euros. De 1995 à 2002, les exportations du pays ibérique vers Rabat n’ont pas dépassé les 251 millions d’euros. En 2014, ce montant a connu une nette hausse atteignant 89,7 M euros.
Ces achats se résument souvent aux munitions ou aux véhicules de transports des troupes de type Vamtac, réalisés par la société Urovesa. Deux secteurs qui pourraient constituer les bases de lancement de projets communs dans l’industrie de l’armement. Ce qui permettrait aux constructeurs espagnols de s’ouvrir sur les marchés internationaux, notamment en Afrique, un continent où le Maroc mène une stratégie d'influence économique et politique d'envergure.
Une étude réalisée par la société américaine de consulting Frost & Sulivan, publiée en juillet dernier, a intégré le royaume dans une liste très restreinte de cinq pays (Malaisie, Singapour, Colombie, Koweït et le Maroc) appelés dans les dizaines d'années à venir à développer une industrie de défense locale et ce pour réduire la facture salée de leurs acquisitions en euros ou en dollars.