L’affaire du décès du sahraoui Lamine Haidallah, survenu en février dernier à Laâyoune, a atterri sur le bureau de la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini. Une cinquantaine d’eurodéputés, tous pro-Polisario, ont adressé une lettre à la haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité. Ils y réclament l’intervention de l’UE pour exiger des autorités du royaume l’ouverture d’une enquête pour vérifier «d’éventuelles déficiences» dans l’autopsie réalisée par une équipe de médecins marocains.
Dans sa réponse l’Italienne s’est montrée très diplomate, évitant d’aborder de manière directe l’objet de la requête des parlementaires. En revanche elle a assuré que Bruxelles «exprime régulièrement sa préoccupation pour la situation des détenus dans les prisons marocaines et soutient la lutte contre l’impunité dans des cas avérés de mauvais traitements», rapporte un média espagnol. Elle a par la suite expliqué que la Commission européenne veillait à ce que le Maroc «accomplisse ses engagements internationaux en matière des droits de l’Homme».
L’UE demande l’accès des prisons aux ONG
Mme Mogherini a rappelé aux eurodéputés que dans ses contacts avec Rabat, l’UE «sollicite régulièrement (…) l’accès aux ONG des droits de l’Homme aux centres de détentions». C’était du temps de Hafid Benhachem, le premier délégué général à l'Administration pénitentiaire et à la réinsertion (avril 2008-décembre 2013), que la décision d’interdire l’accès des associations aux prisons avait été prise. Son successeur Mohamed Salah Tamek, un ancien détenu politique sahraoui, a continué d’appliquer la même politique.
La diplomate de l’UE a souligné dans sa réponse, que le CNDH avait déjà invité les autorités marocaines à ouvrir une enquête sur les circonstances du décès de Lamine Haidalah. Federica Mogherini s’est montrée par ailleurs très évasive en évoquant le «soutien de l’Union européenne» réclamé par les eurodéputés à Takbar Haddi. Elle s’est contentée de promettre d’ «aborder le plus tôt possible» cette question avec les auteurs de la lettre.