«Les Français musulmans ne devraient plus avoir honte d’être musulmans», a déclaré le Chef du gouvernement Manuel Valls devant la foule venue l’écouter à Créteil, ce vendredi matin, lors de la présentation du plan national visant à contrer le racisme et l’antisémitisme, rapporte Le Monde. En présence de six membres du gouvernement dont la ministre d’origine marocaine Najat Vallaud-Belkacem, le Premier ministre a livré quelques points forts de la stratégie gouvernementale.
«Insupportable»
Etalé sur trois années – 2015, 2016 et 2017 – ce plan prévoit 40 mesures articulées autour de la justice, d'internet et de l'éducation. Entre autres, «des sanctions plus rapides et plus efficaces» contre «les propos de haine» seront mises en œuvre, intégrant la répression des discours de haine au droit pénal général et en donnant la possibilité d'actions de groupe contre les discriminations. Dans ce sens, une «unité nationale de lutte contre la haine sur Internet», composée d’officiers de police judiciaire sera créée. Sa mission : améliorer le signalement et le suivi des actes et des propos racistes et antisémites sur la Toile.
Ces mesures répondent notamment au rapport de l’Observatoire contre l’islamophobie publié hier – jeudi – et révélant que 226 actes et menaces islamophobes ont été recensés au premier trimestre 2015, soit six fois plus nombreux qu’à la même période l’an dernier. Le président de cette instance, Abdallah Zekri, a confirmé que c’était la première fois depuis 2011 qu’il se produise une telle explosion d’actes antimusulmans, même sur les réseaux sociaux. Commentant ces données, Manuel Valls a jugé «insupportable» cette montée de la haine des musulmans et de l’antisémitisme.
La sécurité des personnes d’abord
Dans son plan de lutte contre l’islamophobie, le gouvernement français entend également sévir dans les écoles. D’après Valls, il faut que «plus aucun incident ne reste sans réponse en milieu scolaire». Financé à hauteur de 100 millions d’euros, le plan contre le racisme et l’antisémitisme fera l’objet d’une campagne de communication nationale qui devrait être lancée cet été. «Le premier impératif c’est que personne ne puisse être inquiété pour ce qu'il est ou pour ce à quoi il croit», a assuré le Premier ministre, rapporte Ouest France.
Manuel Valls a ainsi réalisé une promesse faite par François Hollande en janvier dernier, au lendemain des attentats de Paris, en pleine montée des actes islamophobes dans le pays. C’est d’ailleurs après ces tragiques événements que le président français a fait rentrer le mot «islamophobie» dans le vocabulaire gouvernemental en l’utilisant pour la première fois lors de sa présentation de vœux au corps diplomatique. Le nouveau plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme pourrait apaiser les associations, notamment musulmanes, qui se battent depuis des années pour le droit des musulmans de France de vivre leur foi en toute sécurité.