Le trafic de carburants serait-il la cause du drame de l’accident de Tan-Tan, survenu dans la matinée du vendredi 10 avril ? Hier, le ministère de l’Intérieur s’est empressé de démentir les informations publiées par certains médias faisant état d’une collusion entre un autocar et un camion-citerne utilisé dans le trafic de carburants.
Le département de Mohamed Hassad affirmait que le camion est la propriété d’une société de transport international basée à Casablanca. Une sortie qui étonne de par son timing alors que l’enquête menée par la gendarmerie royale sous la supervision du parquet général compétent n’a pas encore révélé ses conclusions. Pourtant, le ministère est censé n’exprimer aucun avis pouvant influencer le cours des investigations.
Le carburant subventionné dans les provinces du Sud coûte moins cher
Contrairement au reste du royaume, la population du Sahara bénéficie d’avantages sociaux. Outre les fameuses «Cartiyas» qui permettent à ses détenteurs de gagner environ 1600 dh par mois sans fournir le moindre effort, l’essence et le gasoil sont vendus aux particuliers comme aux entreprises à des prix défiant toute concurrence. Ils sont bien en dessous des tarifs fixés par le ministère des Affaires générales et de la Gouvernance. A titre d'exemple, aujourd’hui à Dakhla, l’essence à la pompe coûte environ 7,30 dh le litre alors qu’il est 10,35 dh à Casablanca.
Cette différence de prix importante a favorisé l’émergence d’un juteux trafic de carburants entre le Sahara et le reste du Maroc. Un commerce illicite géré par quelques gros bonnets locaux dont certains occupent même de hautes fonctions dans des instances élues de la région. «Dans la plus part des cas, les trafiquants n’utilisent pas de camion-citerne mais de gros bidons remplis de carburants minutieusement installés dans les remorques et cachés ensuite par toute sorte de marchandise», nous confie une source à Laâyoune.
L’impact de la collusion entre le camion et l’autocar de Tan Tan donnerait du crédit à cette lecture. Une version qui s’oppose à la thèse de l’explosion d’une bonbonne de gaz à l'intérieur de l'autocar, distillée ce lundi par certains médias.