Que faire pour résoudre la question des diverses interprétations de l’islam qui donne lieu en France (pour ne parler que de ce cas) à des dérives violentes ? Le président du Conseil régional du culte musulman (CRCM) de Bretagne, branche du CFCM, Mohamed Zaïdouni propose sa solutions : «doter le CFCM d’un Conseil religieux qui peut donner des fatwas» adaptées à la France.
«Au lieu de chercher la fatwa d’autres pays qui ne connaissent pas le contexte français, je préfère avoir des oulémas issus de France ou qui connaissent le contexte français pour pouvoir statuer et donner des réponses aux attentes théologiques» des Français de confession musulmane, a expliqué M. Zaidouni hier, jeudi 5 mars, à l’Assemblée nationale où il était invité dans le cadre des travaux de la 14ème législature.
Cet aumônier au centre pénitentiaire de Rennes estime qu’en raison de l’absence d’une autorité religieuse comme le conseil religieux qu’il propose, «tout le monde fait l’islam à sa sauce». Pour lui, mettre en place cet organe saurait redonné de «l’éclat» au CFCM.
Apprendre le français aux imams arabophones
L’autre aspect qu’il juge urgent concerne le statut des imams en France. En effet, nombre d’entre eux travaillent en tant que bénévoles. De plus, «ils se battent tous les ans pour avoir une carte de séjour. Ils ne peuvent pas combattre et éradiquer le fléau qu’est la radicalisation», affirme M. Zaidouni, insistant qu’on ne peut attendre des imams «un travail sérieux» dans de telles conditions.
Il propose que ces hommes responsables du prêche dans les mosquées de l’Hexagone soient correctement pris en charge, sans exclure les arabophones. D’après le président du CRCM de Bretagne, la France devrait «accompagner les imams désireux d’apprendre la langue de Molière», car argue-t-il, «la langue seule ne peut faire passer le message, mais aussi le contenu, la personnalité de l’imam, c’est très important».
Financer l’islam de France par les moyens français
En outre, Mohamed Zaïdouni plaide pour une indépendance du culte musulman en France à tous les niveaux, y compris sur le plan financier. «On veut que l’islam soit un islam de France, il faut que les moyens [financiers, ndlr] soient aussi de France», dit-il.
Les députés français n’ont pas encore officiellement réagi aux propositions de M. Zaïdouni, mais il ne serait pas étonnant que cela suscite le débat, surtout dans le contexte actuel.