Trois mois se sont écoulés depuis les graves inondations qui ont frappé certaines régions du Maroc sans que la commission d’enquête parlementaire -pourtant promise par la majorité et l’opposition- n’ait pu voir le jour. Des disputes politiciennes sur la partie qui occupera la présidence de l’instance retardent les investigations.
Le PJD, fort de sa puissance numérique à la Chambre des représentants (106 sièges), exige que le poste lui revienne de droit. Son candidat n’est autre qu’Abdellah Bouanou. L’opposition convoite également le même titre pour Driss Lachgar. Le socialiste avait déjà présidé, au début des années 2000, la fameuse commission sur les milliards de dh dilapidés par le Crédit immobilier et hôtelier, une banque publique.
L’opposition part avec un avantage
Dans ce nouveau bras de fer, il s’avère que les formations de l’opposition sont mieux placées pour l'emporter. La loi organique sur les commissions d’enquêtes parlementaires, publiée au Bulletin officiel du 21 août 2014, a complètement chamboulé l'ordre qui prévalait depuis plus de quatorze ans. La majorité n’est plus en mesure de réclamer la présidence desdites commissions comme c’était le cas dans les affaires du CIH ou des événements du 7 juin 2007 à Sidi Ifni.
Désormais, le nouveau cadre juridique confie ce privilège à l’opposition. «Le poste de président ou de rapporteur de la commission est dévolu à l’opposition», indique clairement l’article 6 de la loi. Un argument de plus entre les mains du premier secrétaire de l’USFP. Bien que le PJD ait voté en faveur de la loi organique, il tente de renverser la vapeur en sa faveur. Les islamistes de la Lampe ne souhaitent pas que le rapport final soit un réquisitoire contre la politique du ministère de l’Equipement, dirigé par Aziz Rebbah.
Au lendemain des inondations de fin novembre, le PJDiste était déjà la cible de vives critiques des députés et sénateurs de l’opposition. Contrairement à Lachgar, Bouanou en conduisant la commission pourrait arrondir les angles dans le rapport. Entre temps, les «frères» de Benkirane jouent la montre. Ils ne sont pas pressés de voir la constitution de cette instance alors que seuls six mois nous séparent des prochaines élections communales.