Est-ce réellement le début de la guerre contre les sénateurs qui ont pris l'habitude de bouder les sessions hebdomadaires des questions orales et même les plénières ? C’est du moins ce que laisse entendre la décision du bureau de la Chambre haute prise le lundi. L’instance a dressé une liste de 38 conseillers qui devront subir un prélèvement de 1300 dh par jour séché sans raison valable. Une liste qui a été établie le 30 décembre dernier.
La sanction qui n’est pas encore effective -elle doit être transmise aux services du ministère des Finances pour son opérationnalisation- fait grand bruit. C’est en effet une première au Maroc. Elle concrétise une promesse de l’actuel président, Mohamed Cheikh Biadillah, datant d'octobre 2009.
Une mesure qui intervient alors que des ONG de protection des biens publics mènent une campagne visant à revoir les confortables retraites des ministres et des parlementaires. En 2014, la Chambre a consacré environ 10 millions de dh pour les pensions de ces élus.
Même en prison, un sénateur reçoit son salaire
La liste des 38 absents ne reflète pas pour autant la réalité sur le terrain. En réalité, sur les 270 élus à peine 100 élus assistent régulièrement aux travaux. Un sénateur a même battu tous les records en étant absent pendant cinq ans. Une longue période durant laquelle, il a continué de bénéficier de son salaire (32.000 dh par mois). Il s’agit d’un membre du groupe fédéral qui avait présenté sa démission en 2009. Ce n’est que la semaine dernière que le président de la Chambre a bizarrement donné ses ordres en vue de corriger l’erreur.
Ce cas n’est pas le seul. Le sénateur, Mohamed Lahssaini de l’Union constitutionnelle, condamné en janvier 2012 à deux ans de prison pour corruption par un tribunal de Rabat, et qui vient de sortir de prison de Salé, continuait à recevoir son salaire pendant toute la période de son incarcération. Un privilège auquel les agents de la fonction publique emprisonnés n’ont pas accès.
En vue de lutter contre l’absentéisme des conseillers, la présidence de la Chambre haute a opté pour la mise en place d’un système de pointage électronique. En dépit de toutes ces sanctions, un sénateur peut facilement contourner cette mesure de contrôle. Il suffit pour cela de 100 dh pour une attestation de maladie portant l’estampille d’un médecin du privé, la faxer à la Chambre et le voilà exempt de tout prélèvement.