Les Syriens l’ont surnommée «Lady SOS». Car, il suffit d’appeler sur son portable pour que Nawal Soufi trouve le moyen d’apporter, au plutôt, son aide. Née au Maroc, la jeune femme de 27 ans a grandi à Catane, en Sicile. Pleinement intégrée dans son pays d’accueil, elle tend ainsi la main aux immigrés naufragés qui arrivent en masse sur l’île via la Méditerranée, en provenance principalement de la Syrie.
La main sur le cœur depuis l’adolescence
Journaliste et militante des droits de l’homme, Nawal s’investit dans le social depuis l’adolescence, mais c’est depuis deux ans qu’elle se consacre aux immigrés syriens qui, fuyant la guerre dévastatrice de leur pays, risquent leurs vies en mer en raison des tempêtes hivernales. «Je me suis engagée dans le social à l’âge de 14 ans. J’ai aussi un emploi d’interprète dans les tribunaux et prisons siciliens», a-t-elle confié hier, dans un entretien avec le quotidien italien La Republicca.
La jeune femme s’est personnellement rendue en Syrie en décembre 2012, à la tête d’un convoi humanitaire destiné à 800 familles. Elle y a gardé des contacts et son numéro de téléphone est largement communiqué à tous ceux qui décident de se réfugier en Italie. Ainsi depuis leurs embarcations, les migrants peuvent appeler à l’aide sur le téléphone portable de Nawal. A son arrivée au port, elle recueille quelques informations auprès de la garde côtière, puis court accueillir les migrants à qui elle fournit de la nourriture, de l’eau, des vêtements, des couches pour bébés et des contacts utiles.
Stopper l’action des passeurs
«Le premier bateau de réfugiés est arrivé en Sicile entre juillet et août 2013. Je les ai rencontrés avant le CPA (Centre de premier accueil). J’ai préparé des vêtements pour les enfants et je leur ai expliqué quels étaient leurs droits et ce qu’il fallait faire pour éviter les trafiquants, ces gens qui trainent à proximité des stations et des ports proposant des billets pour Milan à 500 euros et plus», explique la jeune Marocaine. Nawal s’indigne qu’alors que les gens arrivent sur les côtes italiennes totalement désespérés, d’autres trouvent le moyen d’abuser d’eux, exigeant des sommes qu’ils n’ont parfois pas. C’est aussi l’une des raisons de son engagement.
Pour financer son action, Nawal met elle-même la main à la poche, mais reçoit également l’aide d’autres militants sociaux avec qui elle a constitué une sorte de caisse. Elle communique également beaucoup sur sa page Facebook «Nawal Syriahorra» - qui veut dire Syrie libre – afin de mobiliser les potentiels donneurs. Et pour elle, aucune somme n’est négligeable, car avec deux ou trois euros, on peut acheter des ballons aux petits réfugiés pour qu’ils jouent», souligne la jeune Marocaine pour qui l’expression de joie de ces petits enfants est une «récompense».
Sacrée «Femme de frontière» 2014
Même si Nawal ne fait pas tout cela pour une reconnaissance particulière, ceux qui l’observent salue son courage et son don de soi. D’ailleurs elle fait actuellement la une de la presse italienne. La jeune MRE a été révélée au grand public en juillet dernier alors qu’elle recevait le Prix «Donna di frontiera» ou «Femme de frontière» des mains des jurés du Festival international du cinéma de frontière de Marzamemi, pour les documentaires qu’elle a réalisés en Syrie et en Libye.
Son action est importante pour la mission «Mare Nostrum», une opération militaire et humanitaire financée par l’Italie lancée en Sicile en octobre 2013 visant à surveiller 24h/24 le canal de Sicile afin de sauver le plus grand nombre de vies possible. Aujourd’hui, l’engagement de Nawal est salué tant par la presse que par les autres grands acteurs sociaux, au-delà des frontières italiennes. Lisa Bosia, opératrice sociale à Chiasso (Suisse) depuis une vingtaine saluait récemment le travail de la jeune marocaine affirmant que ses interventions «ont permis de sauver des vies». Pour le journal Vita, Nawal est «l’ange» des naufragés au large des côtes italiennes.