Au cœur de ce dispositif, la dette et le libre échange constituent des instruments utilisés par ces secteurs pour soumettre le pays et sa population. Les salariés et les classes populaires supportent les coûts de cette situation. La réduction des dépenses dans les secteurs sociaux et les services publics le confirme. Les conséquences de ces choix sont visibles : cherté de la vie, dégradation des conditions de vie, hausse du chômage et de la pauvreté.
Les mesures de la Loi de finances 2015 (LF 2015) ne devraient pas améliorer cette situation. Le gouvernement vise d’abord à améliorer «le climat des affaires» en facilitant les conditions de l’investissement, renforcer l’investissement public dirigé vers le secteur privé et la compétitivité (les profits) du privé et accélérer le rythme de la réalisation des différents chantiers et stratégies sectorielles. La LF 2015 approfondit le démantèlement des barrières douanières pour les produits importés. Le gouvernement accélère aussi la privatisation des secteurs vitaux que sont la santé, l’éducation, la distribution de l’eau et de l’électricité, le transport en commun, la gestion des déchets, le logement, etc.
La LF 2015 alloue à l’Education 46 milliards de DH (MMDH), 13 MMDH pour la Santé et 21 MMDH pour l’Intérieur. 7600 postes budgétaires ont été réservés à ce département, contre 7020 pour l’Education et seulement 2000 pour la Santé. Cette répartition montre les priorités de ce gouvernement… L’Etat réduit l’investissement dans l’éducation et la santé, tout en ouvrant grand la porte au secteur privé. Ces deux secteurs sont soumis à la logique du marché et du gain rapide.
Décompensation et cherté de la vie
La LF 2015 s’attaque frontalement au pouvoir d’achat des Marocains. Le budget de la Caisse de compensation est passé de 56 MMDH en 2012 à 23 MMDH 2015. Cette réduction drastique annonce des hausses de prix à la consommation et des services. D’autant plus que les mesures fiscales prévues dans ce texte pèseront encore une fois lourdement sur les classes populaires, alors que les riches et les rentiers bénéficieront d’exonérations fiscales à hauteur de 35 MMDH.
Un autre développement est possible. Il passe par : une nouvelle répartition des richesses, la réduction des profits du capital étranger et local, une économie qui réponde aux besoins essentiels des classes populaires améliore leur niveau de vie par des augmentations des salaires et des budgets sociaux… Seule la pression populaire et une unification des luttes, aujourd’hui dispersées, pourra permettre d’aller en ce sens.
Les citoyens protestent contre la hausse des tarifs de l’eau et de l’électricité, pour un logement décent et des services de santé de qualité, les étudiants exigent un enseignement de qualité et gratuit, la fin du quadrillage sécuritaire de leurs universités, les diplômés chômeurs luttent pour le droit au travail, les travailleurs pour de meilleurs salaires et une protection sociale efficace, les femmes victimes des microcrédits dénoncent ce système, les vendeurs ambulants demandent la fin de l’harcèlement exercé par les autorités à leur encontre.
Nous dénonçons...
En tant qu’association d’éducation population, Attac Maroc soutient et épaule ces résistances. Notre association continuera à soutenir ces luttes des victimes des politiques néolibérales sur le terrain.
Attac Maroc revendique l’annulation de la dette publique illégitime et travaille à constituer à un comité d’audit de la dette en vue d’une mobilisation plus large et d’un débat public autour d’un modèle de développement alternatif.
Attac Maroc dénonce le non-renouvellement de son récépissé légal de la part des autorités. Ainsi que l’offensive menée par l’Etat contre les libertés publiques et qui vise tout particulièrement les organisations de lutte à l’instar de l’Association marocaine des droits de l’homme et les mouvements de résistances ouvrières et populaires. Attac Maroc continue à œuvrer pour une meilleure coordination avec les autres organisations militantes de notre pays pour créer un front social commun contre les violations des droits humains, sociaux, économiques, culturels et environnementaux.